Attaques terroristes, violences intercommunautaires, vols de bétail, insécurité alimentaire, voilà le quotidien des habitants du pays dogon depuis l’enlisement du centre du Mali. Esseulés, ils côtoient la précarité.

Le poste de Mandoli, dans le cercle de Bandiagara, a été attaqué le 5 mai dernier par plusieurs personnes armées. Un civil a été tué et quatre gendarmes blessés. La veille, le pont de Songho, sur la RN15 reliant Sévaré à Bandiagara, avait fait l’objet d’un deuxième sabotage à l’aide d’une mine. C’est tout un corridor international, de la frontière burkinabè jusqu’aux ports de Lomé et de Cotonou qui subit un coup dur. Ce cycle de violences rappelle sans cesse le sinistre écosystème dans lequel vivent les habitants du pays dogon depuis 2015.

Avec une population de 430 000 habitants, selon le recensement de 2009, le cercle de Bandiagara est enclavé. Et, avec la destruction du seul pont qui le reliait au reste du pays, les autorités locales craignent de futures attaques. « Avec l’attaque du poste de contrôle de Mandoli à la veille de la destruction du pont, on se demande si quelque chose d’autre ne se prépare pas », s’inquiète un administrateur. « Pour cette pandémie de Covid-19 on n’a pas encore enregistré de cas, mais s’il faut envoyer des véhicules d’urgence à Mopti, cela va poser des problèmes », poursuit-il. Le samedi 9 mai, des travaux de déviation ont été entamés pour la reprise effective de la circulation des personnes et de leurs biens. Une mission de la MINUSMA avait effectué une visite le 8 mai pour évaluer les dégâts et jugé « crucial que cette voie reste ouverte ».

Démunis

« Dans le cercle de Bandiagara seulement 10% des terres sont cultivables. Donc, même en l’absence d’insécurité, Bandiagara n’est pas autosuffisant au plan alimentaire. La population compense cette insuffisance en terres arables par le maraichage », souligne Siriman Kanouté, le Préfet du cercle.

L’État et ses services techniques sont présents, mais environ une cinquantaine d’écoles restent fermées à cause de l’insécurité, selon des chiffres de la préfecture. Le chef-lieu de cercle dispose de trois forages pour 21 000 habitants. La Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP) fournit 80% des besoins en eau de la ville. Dernièrement, les coupures étaient récurrentes à cause de travaux de maintenance et de problèmes d’électricité. Grâce à un partenariat, la Croix Rouge s’est engagée à doter la SOMAGEP de carburant afin de prévenir les coupures d’eau.

Boubacar Diallo