Le policier en tenue bleue, béret noir et lunettes de soleil, sifflet au coin des lèvres, est l’heureux titulaire d’un poste à «Dubaï». Non pas au Qatar, mais dans les entrailles grouillantes de Bamako. A l’endroit précis où la ligne abandonnée du chemin de fer Mali-Sénégal croise le goudron de la rue Achkabad, axe historique de circulation nord-sud de la capitale, emprunté notamment par les sotramas, ces camionnettes déglinguées reconverties en minibus, et les antiques «bâchés» Peugeot. Le trafic y est dense, le ralentissement obligé à cause des vieux rails qui cravachent les amortisseurs. A peine besoin de siffler pour obtenir l’arrêt d’un véhicule : l’argent des bakchichs – pour des infractions réelles ou imaginaires, peu importe – coule tout seul dans la main du policier. Comme à Dubaï.
Mais les affectations comme celles-ci, convoitées par les agents de circulation, se monnayent auprès des supérieurs hiérarchiques. Qu’il faut évidemment rembourser en paiements réguliers, https://www.liberation.fr/planete/2020/09/29/transition-au-mali-operation-lendemains-propres_1800902