Plusieurs commerçants reconnaissent ne pas réaliser les profits qu’ils faisaient généralement à l’approche du 14 février, jour de la Saint-Valentin, où des amoureux se font des cadeaux.

Repas romantique, échange de présents floraux, gourmands ou plus personnels, évasion dans un lieu isolé… le 14 février, fête de Saint Valentin, est connu comme la journée des amoureux. Un moment pour se réjouir du temps passé ensemble, présent et à venir.

Délaissée et considérée comme trop commerciale par certains, chérie par les plus fleurs bleues, au Mali, ce sont généralement les hommes qui concoctent des attentions particulières pour leurs dulcinées, même si certains couples jouent l’égalité.

Pour cette année 2019, les articles destinés aux amoureux dans les grandes surfaces ou même dans des boutiques peinent à se faire écouler au grand dam des marchands résignés par cette situation de pauvreté. “Nous vendons beaucoup plus de nuisettes et sous-vêtements en rouge et noir”, confie le gérant d’une échoppe au centre-ville. En fait, l’argent ne circule pas et beaucoup. Les Bamakois, désargentés, considèrent cette fête comme un gâchis préférant épargner leurs maigres ressources pour d’autres affectations plus utiles.

L’engouement qu’il y avait quelques années qui caractérisait la Saint-Valentin a pris un coup de vieux. C’est à peine qu’on peut apercevoir dans la rue un couple ou une personne habillé en rouge et noir. Pour l’année 2019, la fête des amoureux commence à cesser d’être sous les feux de l’exhibitionnisme notoire pour revêtir un caractère plus discret, plus réfléchi et plus romantique porté par les seuls initiés. Et ça se passe dans les réseaux sociaux et dans quelques restaurants huppés de la ville.

La situation économique délétère du pays avec, à la clé, la dépréciation de la pauvreté ainsi que l’insécurité et son corollaire d’inflation ont littéralement estompé les ardeurs et mis un frein à une effervescence qui peine à trouver ses marques dans une ville où la politique a repris son droit de cité. Malgré cela, la Saint-Valentin 2018 à Bamako aura laissé le goût âcre d’une ville en déliquescence qui, depuis longtemps, a failli cesser de vivre.

L’essentiel est de toute façon de s’offrir un peu d’amour. Et pour ça, un simple baiser suffit. Une occasion pour les uns et les autres d’offrir de petits cadeaux pour déclarer ou rappeler à l’autre son amour.

“Je n’ai pas assez de moyens cette année. Donc je ne suis pas en mesure d’offrir du chocolat, ou une chaine-montre à ma dulcinée”, déclare un jeune de Banankabougou.

Moussa de Niamakoro invite les jeunes filles à rester avec leurs petits amis au nom de l’amour. “Nous sommes dans une crise qui a trop duré. Je n’ai pas beaucoup d’argent pour acheter des cadeaux pour ma Valentine. Les temps sont durs maintenant et il faudrait que les jeunes couples sachent cela”, affirme-t-il.

Adama Diabaté

Source: L’Indicateur du Renouveau