Du voyage historique du Roi Kankou Moussa à la Mecque à la gestion de nos ressources minérales d’aujourd’hui, je me pose la question pourquoi et comment le Mali est encore l’un des pays le plus pauvre de la planète, encore plus endetté.
Est ce un problème de capacités humaines ou institutionnelles? Je ferai économie sur le passé lointain ou récent. Aujourd’hui nous n’avons plus le choix et il est trop tard d’être pessimiste.
Je ne serai pas dans la dénonciation car un peuple ne peut pas vivre dans le remord et dans le regret. Je propose des solutions ce qu’il faut faire et comment on doit faire sans prétention mais une contribution au débat de développement.
En interrogeant nos potentiels en ressources naturelles le Mali doit être un pays émergeant. Il nous faut tout simplement un État stratège. Il nous faut un État qui reprenne l’initiative de la prospective en quittant les approximations. Prenons le coton et l’or côtés en bourse sans intégré les autres patrimoines possibles de l’Etat du Mali.
Pour l’or sur les 20 dernières années nous ne sommes pas à moins de 1000 tonnes extraites en face qu’avons nous réalisé en terme de développement humain durable?
Au regard de notre environnement législatif et réglementaire rien ne s’oppose à ce que nous valorisons notre portefeuille minier. Selon nos textes les parts du Mali doivent être des parts attribuables en or au lieu de s’accrocher à une hypothétique distribution de dividende. Rien ne s’oppose à ce que l’Etat du Mali développe et exploite lui même les mines dans un partenariat stratégique. Cependant le blocage persiste faute d’arbitre pour appréhender la problématique.
Par exemple le Mali a environ huit (8) mines en exploitation et nous avions droit de 10 à 20% dans chaque mine. Si on prenait nos parts en quantité et faire des opérations financières sur le marché dans le cadre d’un Fonds souverain, le Mali ne sera pas dans cette précarité, d’où l’idée d’avoir une gestion stratégique de nos ressources minières non renouvelables. Les recettes minières très volatiles doivent être considérées comme une ressource extra budgétaire dont les emplois devront être uniquement dans les secteurs de transformations.
Aujourd’hui nos recettes fiscales sont de l’ordre de 1800 milliards de francs et la masse salariale au Mali oscille entre 400-500 milliards de francs; or il se trouve que le ratio recette fiscale – masse salariale doit tourner autour de 35 %. Au total notre revenu fiscal est suffisant pour supporter la masse salariale que nous pouvons avoir 630 milliards pour avoir un pacte de stabilité sociale sur 5 ans afin de faire face au problème de sécurité et de développent en exploitant nous-mêmes quelques mines d’or.
Admettons que l’Etat du Mali exploite lui même une mine de la dimension du projet de Fekola : 4 millions onces. Dans un système de vente à terme à 1000$ US/oz avec la Chine, l’Inde ou la Russie; cela correspondrait à un pactole de 4 milliards $US soit 2.400 milliards de nos francs, suffisant pour amorcer l’émergence du Mali uniquement sur la ressource minérale Or. Cela est du domaine du possible si nous sommes un État stratège.
Directeur en charge des mines, je m’étais évertué à expliquer sans réussir à faire prospérer l’idée. En face c’était un océan d’incompréhension des décideurs qui m’opposaient des argumentaires telles : nous sommes en zone Uémoa, la Bcéao, les partenaires patati patata.
Cependant j’ai été conforté en 2010 lors du Salon des Mines de Dakar par le Président Sénégalais WADE qui a développé presque les mêmes argumentaires sur les parts attribuables en nature au lieu de miser sur un dividende hypothétique, et mon ministre de l’époque s’est retourné pour me regarder.
A la vérité j’ai conclu que nous avons un problème d’interlocuteur sinon la science est universelle. Le modèle marche sous d’autres cieux mais au Mali omerta. Nous étions 3ème producteur d’or dans 5ans nous serions 6eme car la Tanzanie et le Burkina Fasso vont nous dépasser.
Lorsque j’ai été candidat à l’élection présidentielle de 2013 dans mon offre politique je parlais fréquemment du « modèle de Dubaï », il y a 25 ans cette zone était un immense désert hostile à une vie humaine mais avec leurs ressources naturelles (pétrole et gaz ) non renouvelables, ils l’ont complètement transformé en misant sur le capital humain (en formant des compétences) et sur les infrastructures nous ne devrions pas avoir de complexe en s’inspirant des modèles réussis.
Le peuple Malien doit inventer son avenir mais je m’interroge. Qu’ont fait les partis pour rester des cadres de formulation d’une offre politique crédible? Qu’ont fait les élites pour rester les incubateurs vivants d’idées porteuses ?
Vive la politique et vive le débat d’idées!!!
À suivre quel Mali, voulons nous ?
Dramane Dembélé
Source: lesechos