« Je vous parle d’un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître » (pastiche de la Bohème de Charles Aznavour). Bamako, en ce temps-là, était une ville bien sympathique, noyée dans une verdure chatoyante ! Le gouverneur français (1946 – 1952) Edmond-Jean Louveau, fut l’un des artisans majeurs de la politique de l’arbre à Bamako, avec la généralisation du caïlcédrat, arbre géant qui offre un si bel ombrage et a des vertus médicinales multiples.

Les grandes artères qui quadrillent la ville, tout comme la route qui menait au Centre national de recherches zootechniques de Sotuba (CNRZ), bordées de « tabanokho », l’avenue devant le Grand Hôtel et la route de Koulikoro, ou le Quartier du fleuve, alors peuplé d’une impressionnante colonie de chauves-souris, étaient engloutis dans une épaisse forêt, où la température ressentie était inférieure de plusieurs degrés à celle observée hors de la ville.

Au fil du temps, Bamako a souffert de l’extension des voies de circulation, de la modernisation (réseaux électriques et conduites d’eau), des excavations un peu partout, déplumant ainsi largement la ville de sa verdure, ou tout simplement du comportement ravageur de prédateurs irresponsables, toujours plus assoiffés de spéculation foncière. Malgré la bonne volonté des agents de voirie, nous avons la pénible impression que Bamako cesse peu à peu de respirer et se trouve ainsi gravement menacée de suffocation, voire d’asphyxie.

Une prise de conscience généralisée de la nécessité de l’arboriculture, dans tout le pays, s’impose de toute urgence aux décideurs administratifs et à l’ensemble des populations. Le projet de reboisement de 2019, prévoyant la plantation de 18 000 arbres dans le District de Bamako, reste-t-il virtuel ? La décision de décréter une journée de reboisement dans les six communes de la capitale est apparemment bloquée au stade de vœu pieu. Pourquoi ne pas opter pour une exonération fiscale partielle des citoyens se faisant remarquer par leurs initiatives de promotion de l’arbre? Et pourquoi ne pas remettre au goût du jour le slogan du temps de la 1ère République : « plante neem et mélina et tu sauveras ton pays » !

Diomansi Bomboté