La France a, par tradition, une réputation privilégiée en ce qui concerne la défense des droits de l’homme et le gouvernement auquel vous appartenez ne manque pas, suivant l’opportunité, de relever les violations qui peuvent être commises à cet égard dans le monde.
C’est pourquoi, ancien officier français, chevalier de la Légion d’honneur au titre militaire, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 et de la Croix de guerre des T.O.E., ancien combattant des Forces de la France Libre et ancien combattant d’Indochine, je m’adresse à Votre Excellence afin que soit transmise par le gouvernement français la requête ci-jointe que j’adresse au Secrétaires Général des Nations-Unies.
Ayant été, en ma qualité d’Empereur de Centrafrique, l’objet d’une accusation criminelle que je repousse avec indignation, j’ai été condamné devant l’opinion internationale sans avoir pu présenter ma Défense et en violation de ce principe fondamental des droits de l’homme suivant lequel toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie dans le respect des garanties nécessaires à sa défense.
Ne pouvant être jugé en France, ce qui serait une nouvelle atteinte à la souveraineté et à l’indépendance du pays dont j’ai exercé les plus Hautes Fonctions ; ne voulant pas être jugés par mes ennemis politiques bénéficiaires d’un coup de force sans assise nationale ; accusé devant la communauté internationale, c’est par voie impartiale d’une Commission internationale d’enquête nommée par l’Organisation des Nations-Unies dont j’ai été membre à part entière comme Empereur de Centrafrique, que doit être faite toute la lumière sur les évènements survenus à Bangui, en 1979.
Mes états de services de vingt trois (23) années sous les drapeaux français, la politique d’amitié fidèle à la France que j’ai dirigée comme Chef de l’État Centrafricain, et j’ose le dire les liens très personnels qu’ont entretenus avec moi le Président de la République française et sa famille, me déterminent à m’adresser à la France pour que, à la face du Monde, Justice me soit rendue. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, les assurances de ma haute considération.
Jean-Bedel Bokassa
Source: L’Inter de Bamako