INTERVIEW (PRESQUE) IMAGINAIRE

L’arrestation de Mahamadou Camara, l’enlèvement de Soumaïla Cissé, le second tour des législatives… Tels sont, entre autres, les sujets abordés dans cette interview, que nous accordée le président de la Rue publique. C’était, samedi dernier, en fin d’après-midi, à sa résidence privée de Sébénikoro. Entretien.

BAMAKO BAMADA.NET

Mr le président, que se passe-t-il entre vous et la magostrature, pardon les juges ?

Alors que personne ne s’y attendait, le procureur du Pôle Economique et Financier, le petit dogonon-là, interpelle Mahamadou Camara, mon ex-chef de cabinet avec rang de ministre et fiston adoré, et le fout au gnouf, sans daigner m’en parler, moi le président du conseil supérieur de la magostrature, pardon de la magistrature. Si ceci n’est pas un crime de lèse-majesté, dis-moi ce que c’est.

Mr le président, c’est vous même qui avait déclaré, à qui ne veut l’entendre, que nul n’est et ne sera au-dessus de la loi. Alors, Mahamadou Camara, votre fiston adoré, est-il au-dessus de la loi ?

Non, je ne le dis pas en ces termes. Mais, il n’en demeure pas moins mon fiston adoré. C’est pourquoi, ton petit dogonon de procureur devrait mettre la pédale douce.
D’ailleurs, Mahamadou Camara avait rang de ministre. En conséquence, il devrait être traité comme tel, et non comme un vulgaire vendeur de balai.

Pour le procureur, Mr le président, en voyant les choses ainsi, vous faites une lecture biaisée de l’article 616.

Je crois que Mamoudou Kassogué, ce petit dogonon fabriqué dans les « Dogoneries » ( les usines à Dogon) de Bourem, sous la superision de mon épouse, veut me provoquer.

Pour lui, entre avoir rang de ministre et bénéficier des prérogatives de ministre, il y a l’Océan Atlantique.

Ah bon ? Il l’a dit en français ou en langue dogonon ?

Non, Mr le président, aussi paradoxal que celui puisse paraître, Mamoudou Kassogué s’exprimait devant les journalistes en sonrhaï.

En sonrhaï ? C’est le monde à l’envers. Un dogon qui parle sonrhaï ? pourquoi ? Pour s’anoblir ou pour devenir une personne ?

Donc, selon vous, Mr le président, un dogon n’est pas une personne ?

Non, ce n’est pas une personne. C’est un dogon. Tout simplement.

Mr le président, où en est-on avec les négociations pour la libération de Soumaïla Cissé ?

Pour l’heure, les choses se poursuivent. Même si, ces ravisseurs font monter, de jour en jour, les enchères.

Comment se porte-t-il ?

Très bien, du moins selon les dernières informations en notre possession. Il passe ses journées à boire du lait caillé, à croquer des arachides et à causer avec ses ravisseurs en peulh.

Mr le président, le second tour des législatives s’annonce difficile pour votre fils, Karim Keïta, candidat en commune II du District de Bamako.

Je suis au courant. Mais, pas d’inquiétude pour lui. Il sait ce qui lui reste à faire au second tour prévu pour le 19 avril prochain.

Que va-t-il donc faire pour se faire élire le 19 avril prochain ?

Il le sait !

Va t-il pouvoir se faire élire, alors que la famille Touré, celle de notre confrère Birama Touré, se disait déterminée à empêcher la réélection de Karim Keïta ?

Croyez-moi sur parole, mon Karim à moi sera réélu, parole de l’unique « Kankélintigui » de la classe politique malienne.

Mr le président, Mahamadou Camara restera-t-il en prison jusqu’au jour de son jugement ?

Je souhaite, simplement, qu’il soit traité comme les autres.

Le procureur Kassogué a promis à la délégation des deux syndicats de la magistrature qu’il « demeurera constant » dans ce dossier. En clair, qu’il n’accordera pas la liberté provisoire à votre fiston.

Ah bon, le petit dogonon a dit ça ?

Et en sonrhaï, s’il vous plaît, devant des scribouillards hébétés.

Si ce petit dogonon de procureur persiste à garder mon fiston à Bamako-Coura, il saura, à ses dépens, qu’on ne provoque pas, impunément, Maninka Bourama.

N’est-il pas trop tard pour cela ?

Excusez-moi, je me suis laissé emporter par l’émotion.

Mr le président, à l’allure où vont les choses, ce petit dogonon de procureur veut mettre derrière les barreaux tous vos ex-ministres et proches cités dans l’affaire des « équipements militaires » et de « l’achat controversé » de l’avion présidentiel.

Mamoudou Kassogué agit, dans ce dossier, comme s’il a une dent cariée contre moi et mes proches.

Vous vous connaissez ?

Non !

Alors pourquoi agit-il ainsi ?

J’irai voir mon « jeteur de cauris » pour voir clair dans le jeu du procureur en charge du Pôle Economique et Financier.
Propos recueillis par Le Mollah Omar

Source: Journal Canard Déchainé