L’artiste Toumani Diabaté et des amis espagnols étaient devant la presse mardi dernier. C’était à l’Institut français du Mali, pour évoquer leur concert dans le cadre de leur projet commun. En fait, ce projet est axé sur le lien culturel entre notre pays et l’Espagne. Ces artistes travaillent ensemble depuis 1988 sur un projet qu’ils ont baptisé «Songhaï». Ce spectacle musical est prévu pour ce jeudi soir à l’Institut français du Mali.
C’est à la faveur de la fête nationale espagnole qui sera fêtée le 12 octobre prochain, l’ambassade d’Espagne à Bamako, et l’Institut français du Mali, ont décidé de proposer une soirée musicale d’exception donnant l’occasion d’explorer de manière festive les liens culturels peu connus entre l’Espagne et le Mali qui remontent à plusieurs siècles.
«Songhai» est un projet musical original offrant une fusion entre le groupe espagnol Ketama (Juan Carmona, José Miguel Carmona et Javier Colina), paradigme du “nouveau flamenco”, et le maestro malien de la kora, Toumani Diabaté. Malgré leurs scènes respectives très différentes, ils ont eu l’idée singulière d’enregistrer deux albums ensemble : « Songhai 1 » (1988) et « Songhai 2 » (1994). Le nom de ces albums est un clin d’oeil à la bataille de Tondibi où le 12 mars 1591, Joudar Pacha, général et gouverneur marocain au XVIè siècle, d’origine espagnole, conquit l’empire songhoï avec le soutien de Marrakech au temps du roi El Mansour.
Métissage de rythmes harmonieux, la fusion entre la culture mandingue et la culture gitane du flamenco propose un exercice de dialogue instrumental complémentaire, subtile et riche ; un parcours poétique à la recherche de nouvelles sensations, encore inexplorées. C’est le voyage entre le Mali et l’Espagne, c’est la chaleur de l’ambiance estivale. Ce sont les vents atlantiques. Ce sont les montagnes de Grenade, c’est le désert. La kora et les guitares se répondent et se relancent dans un dialogue interculturel. Malgré les sonorités fortes et différentes des cordes, le mélange est simplement éblouissant. Les choeurs se reprennent entre tendance africaine ou plus espagnole, Toumani Diabaté se lance même dans les rythmiques complexes du flamenco !
Ce n’est pas une simple collaboration, c’est une réelle oeuvre, un réel échange. On oublie trop facilement que la musique sert surtout à échanger des sentiments, des sensations, des savoirs.
Ketama et Toumani, font honneur au public malien, comme l’on dit ici, de se «reprendre», 22 ans après leur second et dernier album conjoint pour un concert empli de générosité. Le projet «Songhai» franchit les frontières européennes pour la première fois de son histoire pour ce concert exclusif à Bamako.
Y. DOUMBIA
Source : L’ Essor