Il n’y a plus aucun obstacle majeur sur la voie de l’opérationnalisation du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) basé à Gao. Les patrouilles mixtes devraient pouvoir commencer dans les meilleurs délais rapportent les sources autorisées.
Désormais, toutes les listes des éléments devant participer aux patrouilles mixtes sont déposées. Il s’agit de celles de l’armée régulière, de la Plateforme et de la Coordination des mouvements armés (CMA), à raison de 200 hommes par partie signataire de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Un site d’hébergement de la première unité pour les patrouilles mixtes est disponible à Gao.
Il faut signaler qu’il y aura des sites dans les autres régions du Nord pour abriter des unités des patrouilles mixtes.
Le challenge à relever sera certainement la confiance entre les parties (Armée régulière et combattants de la Plateforme et de la CMA). Ce sera particulièrement entre les deux mouvements armés opposés sur la question des Autorités intérimaires (la CMA accuse le Gouvernement de favoriser la Plateforme par rapport aux quotas) et qui se sont livrés de violents combats ces derniers temps qui continuent à se regarder en chiens de faïence. Ce, nonobstant la forte implication du Haut représentant du Président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, Mahamadou DIAGOURAGA, et du Secrétaire général des Nations-Unies et Chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, pour apaiser la tension.
Toutefois, est-on convaincu du côté de la Médiation internationale, la cohabitation devrait contribuer à l’installation de la confiance entre les parties signataires, en l’occurrence entre la Plateforme et la Coordination des mouvements armés. L’armée n’étant plus officiellement en état de belligérance avec aucun des mouvements armés, depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et qu’elle ne se mêle pas de politique, ne devrait pas tremper dans le climat de méfiance. D’ailleurs, elle est l’un des creusets de l’unité nationale, parce que ne faisant aucune discrimination basée sur la région d’origine, la couleur, la religion…
L’autre équation de taille qui se posait, concernait la logistique. L’on apprend de la Mission onusienne que cet écueil est franchi. En tout cas, pour ce qui est de la première unité de patrouilles mixtes qui sera basée à Gao. Elle affirme, en effet : « le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), qui doit coordonner ces actions de mise en confiance et de sécurisation, est installé à Gao depuis octobre 2015 et a bénéficié du soutien du Gouvernement et de la MINUSMA, pour la fourniture de véhicules, d’équipements militaires, de mobilier et fournitures de bureau. L’alimentation, les soins médicaux, l’eau et le carburant destiné aux premières patrouilles sont disponibles ».
Comme pour toute structure naissante, l’on s’attend à des défis liés au fonctionnement du Mécanisme opérationnel de coordination. Ce à quoi s’attaquent, par anticipation, les autorités administratives et militaires de Gao, avec l’appui de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA).
Il faut rappeler que conformément aux dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le Mécanisme opérationnel de coordination est chargé de planifier et de conduire les patrouilles mixtes incluant des éléments des forces armées et de sécurité Maliennes et des éléments de la Coordination et de la Plateforme avec, si nécessaire et si possible, l’appui de la MINUSMA et des forces internationales en présence (modalités et calendrier de patrouille par zone à définir par le MOC).
La première patrouille mixte devait avoir lieu au plus tard le 60e jour suivant la signature de l’accord. Ce délai n’a pas été respecté, provoquant de vives protestations des mouvements armés signataires (Plateforme comme CMA).
Le MOC est également chargé de planifier et coordonner toutes les actions et mouvements des combattants pour toute la durée du processus de cantonnement.
Par ailleurs, si pour l’opérationnalisation du MOC l’on est sur le point de voir le bout du tunnel pour le Commissariat National à la Réforme du Secteur de Sécurité (CNRSS), ce n’est pas encore totalement le cas. Et pour cause, la liste de la CMA était encore attendue sans que l’on ne sache véritablement les raisons de ce retard.
Paradoxalement, c’est elle qui est la plus prompte à monter sur ses grands chevaux pour dénoncer tout manquement aux engagements pris par le Gouvernement.
À ce jour, a fait savoir la Mission onusienne, les parties signataires ont remis les listes de leurs représentants proposés pour la Commission nationale de DDR (CNDDR), la Commission d’Intégration (CI) et le Commissariat National à la Réforme du Secteur de Sécurité (CNRSS).
Par Bertin DAKOUO