Après la mort de plusieurs soldats à Aguelhok, le gouvernement tchadien hausse le ton et demande à la MINUSMA de revoir son dispositif dans la région d’ici une semaine sous peine de prendre des mesures. Ce qui pourrait être préjudiciable pour notre pays. Car le Tchad dispose du plus gros contingent après le Nigeria et a été le premier à traquer les narcojihadistes jusque dans leurs derniers retranchements. La MINUSMA qui a compris le message a vite fait de réunir tout son Etat-major pour étudier de nouvelles options opérationnelles.
La localité d’Aguelhok est devenue en moins de quelques jours une véritable poudrière pour les casques bleus principalement les Tchadiens déployés dans ce secteur depuis leur retrait forcé de la ville de Kidal sous pression française après que des hostilités les eurent opposés au MNLA. En moins d’une dizaine de jours quelque dix casques bleus tchadiens ont été tués soit dans un attentat à la voiture piégée soit après le passage de leur véhicule sur un engin explosif.
Cette série noire chez les casques bleus tchadiens a débuté au mois d’août dernier. Une situation qui a poussé le Gouvernement de Ndjamena à demander des explications à la MINUSMA. » Le gouvernement constate avec regret que le contingent tchadien continue à garder toujours ses positions au nord du Mali et ne bénéficie d’aucune relève et éprouve des difficultés énormes pour assurer sa logistique et sa mobilité » a déclaré un membre du gouvernement tchadien. Même son de cloche chez l’opposition tchadienne qui demande où sont passés les autres contingents et pourquoi les Tchadiens constituent toujours la cible des groupes armés ?
Ndjamena dit donner une semaine à la MINUSMA pour procéder à un redéploiement de ses troupes sous peine de prendre des mesures.
Côté Minusma le message semble avoir été compris. La mission onusienne est en train d’étudier toutes les options opérationnelles nécessaires pour contenir les groupes armés. Le directeur de la communication de la MINUSMA que nous avons joint a déclaré que le cas tchadien est à l’étude et qu’il s’agit au delà du Tchad de revoir le dispositif sécuritaire au nord. Une certaine presse parle même d’un retrait des casques bleus d’Aguelhok. Une information que le directeur de la communication n’a ni confirmé ni infirmé.
Signalons que depuis son déploiement au nord du Mali en janvier 2013, le Tchad a perdu plus d’une cinquantaine de militaires. Les soldats tchadiens sont à l’origine du démantèlement de plusieurs bases jihadistes et sont parvenus au cours d’une action militaire conjointe avec Serval à tuer le chef d’AQMI Abou Zeid.
Abdoulaye DIARRA