La tragédie qui a frappé l’armée malienne et les groupes  (CMA-Plateforme) signataires de l’accord de paix, au camp du MOC à Gao,  a donné une nouvelle vision aux politiques maliens. Au-delà des messages de condamnation, ils ont appelé, samedi 21 janvier, à un grand rassemblement devant le monument de la colombe afin d’affirmer leur soutien total aux forces armées et de sécurité et prouver aux ennemis de la République que face à la menace extérieure, le peuple malien est uni.

A l’appel, ils ont tous répondu présents. La Convention de la Majorité Présidentielle et l’Opposition Républicaine et Démocratique. Parce qu’il s’agit de l’armée malienne, de l’unité nationale. Sur place, les messages étaient clairs. Pas question de céder. Tous au chevet de l’armée malienne sans laquelle pas de stabilité et sans laquelle difficile d’être optimiste à l’assertion ‘’Le Mali est UN et INDIVISIBLE’’.

La grande muette, ce n’est pas la première fois qu’elle reçoit des coups d’humiliations de ce genre. Des rebelles à cette fois-ci les terroristes, djihadistes ou narcotrafiquants à chaque fois qu’elle a été frappée, la tragédie est suivie de communiqués politiques et autres démarches tentant à prouver leur amour inconditionnel à l’armée malienne.

Ces actes politiques,  peuvent être considérés comme de l’hypocrisie. Pendant combien de temps nos forces de sécurité sont sous équipées, mal formées ? Pendant combien de temps les conditions de recrutements ne reposent plus sur le mérite mais le favoritisme, l’argent, avoir un parent bien placé ?

Cela a commencé avec l’avènement de la démocratie au Mali qui a crucifié l’armée avec la vision d’Alpha Oumar Konaré ‘’ Le Mali n’a pas besoin d’une armée forte mais des forces de sécurité’’. Le concept a affaibli, il a été source aussi de détournement des fonds annuels alloués à l’armée pour l’amélioration de ses conditions afin d’assurer à hauteur de souhait sa mission régalienne. Des budgets à hauteur de milliards votés à l’assemblée ont toujours pris d’autres directions, les poches des politiques, les caisses des partis politiques etc. et cela pendant plus d’une vingtaine d’année.

La même pratique  fait sa belle aventure même sous IBK  avec des surfacturations par des politiques, à visage découvert,  dans l’achat des armements au nom de l’armée malienne. Et ce qui est déplorable, cela se passe en temps de guerre. Donc ils n’ont aucune pitié.

Cela  amène à douter de leur sincérité lorsqu’ils posent des actes, comme ce rassemblement,   au nom de cette même armée dont ils sont les vrais bourreaux.

L’unité, sans distinction aucune, clamée par les deux camps, l’opposition et la  majorité, dans ce geste n’était pas aussi sincère. En premier lieu, la stratégie des responsables de la Majorité Présidentielle à s’approprier l’idée comme en témoignent les messages d’un membre de la cellule de communication de Koulouba et un ancien ministre. Selon eux, c’est sur ‘’initiative’’ de la CMP que ce rassemblement a eu lieu. Etait-il nécessaire de préciser cela du moment où l’on parle d’union des fils du pays, sans clivage politique, pour défendre l’intérêt national ? D’ailleurs la précision est fausse et nous pouvons la considérer comme une stratégie de récupération politique. Nous nous rappelons, que l’opposition Républicaine et Démocratique est le premier bord politique à faire un communiqué et il      a été posté en premier par le chef de file de l’opposition sur sa page Facebook. Dans ce communiqué, seuls les partis de l’opposition sont signataires de ce rassemblement. Et c’est le lendemain, qu’un communiqué conjoint a été mis à la disposition des médias signé par Nancouma Keïta et Tiébilé Dramé représentants respectivement la Majorité et l’Opposition.

Ce jour également, devant le monument de la colombe, si réellement l’idée d’un seul regroupement des fils du Mali est vraie, il ne devait pas y avoir plusieurs discours. Un seul porte-parole, au nom de l’ensemble, était plus concevable.

Dans le discours du porte-parole de la CMP, il n’a souligné que les partis membres de la CMP. Un discours non rassembleur.

L’acuité de la situation exige qu’ils sortent de ce système et affichent une réelle volonté à accompagner la grande muette. Le Mali affronte des ennemis, impossible de les vaincre sans union en mettant de côté les individualités.

Boubacar Yalkoué

Source : Le Pays