Prévue par l’article 5 de l’Accord pour la Paix et le Réconciliation au Mali, la Conférence d’entente nationale doit avoir lieu du 27 mars au 2 avril 2017 à Bamako.
La décision a été prise lors du Conseil des ministres extraordinaire le samedi 18 mars dernier. Lors des rencontres préparatoires, le 16 février dernier, l’opposition a, dans une déclaration, émis des réserves « quant à la pertinence et à l’opportunité de l’organisation d’une telle conférence ». Bien avant cette déclaration, le 9 mars 2017, l’opposition politique avait suggéré la prise en compte de plusieurs éléments dans la rédaction finale des TDR pour « promouvoir une véritable entente nationale ». Leur prise en compte permettrait, selon l’opposition, une participation large et inclusive de toutes les forces vives du pays et contribuerait au succès de la conférence d’entente. Ainsi, l’opposition politique a proposé la participation, à la conférence, des groupes nés de la scission des regroupements initiaux signataires, CMFPR2, CPA, CJA, MSA, de l’Accord, des mouvements de résistance civile de Gao comme les Patrouilleurs et les principales associations d’agriculteurs, de chasseurs et d’éleveurs du Delta central et les Maliens de l’extérieur. L’opposition politique a, aussi, proposé que la conférence soit « l’occasion d’une appropriation nationale de l’Accord d’Alger. » Autre proposition de l’opposition : inviter les protagonistes de la crise du Centre pour débattre avec toutes les forces vives des moyens de restaurer la sécurité, la paix et la concorde dans cette zone charnière du Mali. L’opposition demande que les travaux de la commission d’experts chargés de la révision constitutionnelle de 1992 présente ses travaux à la conférence d’entente aux fins de recevoir observations et propositions d’amendements. Pour l’adoption d’une charte de la paix et la réconciliation nationale, les partis de l’opposition ont proposé la prise en compte des préoccupations majeures du peuple malien dont : l’armée et les forces de sécurité, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, les élections transparentes et crédibles et le foncier. Nous vous proposons, ci-dessous, l’intégralité du document de l’opposition politique concernant ses éléments de contribution aux TDR de la conférence d’entente nationale(CEN).
ELEMENTS DE CONTRIBUTION DE L’OPPOSITION POLITIQUE AUX TDR DE LA CONFÉRENCE D’ENTENTE NATIONALE (CEN)
Les pouvoirs publics n’ont donné aucune suite à ces appels. En septembre 2016, en marge de l’Assemblée générale des Nations et dans son message de Nouvel an 2017, le président de la République a annoncé l’organisation de la Conférence d’entente nationale prévue par l’Accord d’Alger. Nommé président du comité préparatoire, le Médiateur de la République a envoyé à l’opposition en février les TDR provisoires de la C.E.N.
3. Les TDR provisoires mentionnent, entre autres :
Outre la production d’une Charte pour la paix et la réconciliation nationale et le débat sur l’Azawad, les TDR provisoires fixent comme “objectif spécifique ” de la C.E.N., ” l’analyse des causes profondes des crises que le Mali connaît dans sa partie septentrionale et centrale et qui ont des répercussions sur la paix et la réconciliation nationale”.
En tenant compte des objectifs inscrits dans les TDR provisoires, animés de la volonté de promouvoir une véritable entente nationale, nous suggérons que les points suivants soient pris en compte dans la rédaction finale des TDR.
Leur prise en compte permettrait une participation large et inclusive de toutes les forces vives du pays et contribuerait au succès de la conférence d’entente.
Au regard de l’étendue et de la gravité des problèmes auxquels le pays est confronté, la C.E.N ne saurait se limiter aux seules parties signataires tel qu’indiqué dans l’article 5 de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Les groupes nés de la scission des regroupements initiaux signataires devraient être invités à apporter leur contribution à l’entente nationale. Il s’agit du CMFPR2 (Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance, 2), du CPA (Congrès du peuple de l’Azawad), des deux tendances du MSA (Mouvement pour le salut de l’Azawad), des deux tendances du CJA (Congrès pour la justice de l’Azawad). De même, les mouvements de résistance civile de Gao comme les Patrouilleurs et les principales associations d’agriculteurs, de chasseurs et d’éleveurs du Delta central doivent être invités. Les Maliens de l’extérieur, à travers leurs organisations représentatives, doivent y être associés à leur tour.
5. L’Accord pour la paix et la réconciliation nationale :
La conférence d’entente nationale doit être l’occasion d’une appropriation nationale de l’Accord d’Alger. Les forces vives du pays auront l’occasion d’apprécier l’Accord, d’évaluer sa mise en œuvre (en faisant le point des avancées et des difficultés rencontrées) et de faire des propositions d’amélioration en vue d’en faciliter l’application.
Elle fait peser de sérieuses menaces sur la paix et la stabilité du pays tout entier. Dix circonscriptions administratives des régions de Mopti et Ségou et 2.900 000 personnes sont concernées. Les protagonistes de la crise du Centre doivent être invités pour débattre avec toutes les forces vives des moyens de restaurer la sécurité, la paix et la concorde dans cette zone charnière du Mali.
Les termes de référence proposés prévoient l’adoption d’une charte pour la paix et la réconciliation nationale. Or, il ne saurait y avoir ni paix, ni stabilité, ni réconciliation, ni entente véritablement nationale sans la prise en compte des préoccupations majeures du peuple malien dont :
La bonne gouvernance et la lutte contre la corruption :
Élaborer une charte pour la bonne gouvernance et contre la corruption qui engagera toutes les forces vives du pays.
Tous les observateurs conviennent que le foncier constitue une bombe aujourd’hui qu’il faut désamorcer dès maintenant. En outre, les conflits récurrents entre agriculteurs et pasteurs nomades font des espaces pastoraux, des couloirs de transhumance et des gîtes d’étape, des questions brûlantes dont la conférence d’entente doit se saisir.
Bamako, le 9 mars 2017
Pour les partis Politiques de l’Opposition
Le chef de file de l’opposition P/O
Ibrahima N’DIAYE
Source: Le Républicain