Contexte : Au début des années 2000, l’État malien décidait d’amorcer un partenariat d’importance avec le secteur privé du livre en lui confiant la rédaction, la production et la distribution des manuels scolaires, créant ainsi un environnement favorable au développement d’une industrie à la fois privée, nationale et forte. Comme l’édition des manuels scolaires ne s’improvise pas, il devenait nécessaire de renforcer les capacités des professionnels du livre pour assurer la production des manuels scolaires de qualité.

L’implication canadienne : L’appui au renforcement des capacités des professionnels maliens du manuel scolaire a été assuré par étapes. Déjà en 1998, une initiative visant la réédition de trois manuels de la Collection « Djoliba » (français 3^e, 4^e et 5^e années) a constitué le prétexte pour renforcer les capacités des auteurs, illustrateurs et éditeurs privés maliens. Du projet « Djoliba » a découlé un deuxième projet de plus grande envergure, mis en œuvre par Beauchemin International et CRC Sogema (2005-2008). Il comprenait trois volets de renforcement des capacités destinés spécifiquement aux éditeurs privés, soit en rédaction de manuels scolaires, en gestion d’un projet d’édition et en préparation de soumissions pour des projets de production de manuels scolaires.

Puisque la durée du projet s’avérait trop courte pour compléter une démarche de renforcement de capacités dans la production de manuels scolaires, et reconnaissant la nécessité de renforcer l’industrie du livre comme à travers l’Organisation malienne des éditeurs de livres (OMEL), un troisième projet a été programmé en 2011, qui est arrivé à son terme en 2018. La mise en œuvre de ce Projet d’appui à la gestion de l’édition (PAGE) a été confiée au consortium canadien Agriteam/CODE, et repose sur deux composantes : renforcement des capacités de l’OMEL, et appui au renforcement des capacités des auteurs, éditeurs, infographes, etc. du secteur du manuel scolaire.

Résultats : À travers les trois initiatives, environ 40 professionnels (dont 33% de femmes), ont été formés et accompagnés dans la rédaction et la production d’un manuel scolaire. Les auteurs et éditeurs ont été accompagnés dans l’évaluation de leur propre manuel, notamment dans l’autoévaluation du traitement des valeurs transversales touchant l’égalité entre les filles et les garçons, le traitement des valeurs culturelles, etc. Les éditeurs sont formés à l’encadrement des équipes d’auteurs, en lien avec les illustrateurs, les graphistes et les réviseurs, de façon à s’assurer de la complémentarité et de la qualité du travail de chacun. Au terme du PAGE, cinq équipes éditoriales appartenant au secteur privé avaient complété un manuel scolaire, tous ayant reçu l’approbation du ministère de l’éducation nationale.

Le PAGE prévoit un important volet d’appui au renforcement des capacités de l’OMEL en tant qu’association professionnelle. À travers un plan d’affaires, l’OMEL a su améliorer sa représentativité et entreprendre des actions pour promouvoir et défendre la profession d’éditeur. De nombreuses initiatives et des outils ont permis de mieux faire connaître les éditeurs maliens, de défendre les droits de l’industrie et de promouvoir les produits des membres à travers le développement de la Charte des éditeurs professionnels et du code d’éthique,  la tenue des Journées du livre malien, l’étude sur le secteur du livre au Mali, la production d’un répertoire des intervenants du secteur du livre et des éditeurs de manuels scolaires, l’élaboration d’un catalogue collectif, etc.).

Les auteurs et éditeurs sont dorénavant organisés plus efficacement, véhiculent plus adéquatement les valeurs d’égalité et d’équité entre filles et garçons et sont mieux outillés pour promouvoir des mesures visant la protection de l’environnement.

De quatre maisons d’édition avant l’appui canadien, le Mali dispose aujourd’hui de plus d’une vingtaine de maisons d’édition aptes à la compétition à l’échelle internationale.

Source: Malijet