INTERVIEW (PRESQUE) IMAGINAIRE

Mr le président, les Maliens étaient tiraillés entre colère et indignation, après votre tacle contre Soumaïla Cissé dans l’hebdomadaire parisien.

J’en suis navré, si cette flèche que j’ai décochée contre mon éternel rival politique a, au passage, effleuré mes concitoyens.

Pour les Maliens, Mr le président, cette attaque contre Soumaïla Cissé est inopportune, surtout au moment où c’est l’existence même du pays qui est menacée par le terrorisme. D’où leur colère et leur indignation.

En réalité, j’ai décoché cette flèche contre Soumi, dans Jeune Afrique, parce qu’il m’a trahi. Après qu’il m’ait embarqué dans son aventure de « dialogue politique inclusif », il s’en est retiré.

Pourquoi ?

Parce qu’il croyait que j’allais lui confier l’organisation de cet événement national, afin qu’il s’en serve contre moi et mon régime. Son intention inavouée est de s’en servir comme tribunal pour juger mon régime et moi. Voilà, si vous voulez, ce qui m’a poussé à réagir ainsi dans l’interview que j’ai accordée à l’hebdomadaire parisien.

Elle a couté combien au contribuable malien, cette interview ?

Je ne sais pas. Ce sont des questions que je ne gère pas.

Certains disent 200 millions CFA, d’autres 250 millions CFA.

Je n’en sais rien !

Pourquoi n’aviez-vous pas accordé cette interview aux médias maliens. Elle vous aurait couté moins cher, avec à la clé, plus d’impact sur le plan national, voire international.

C’est une question d’audience, Le Mollah.

C’est à dire ?

L’audience des médias maliens ne dépasse pas leur quartier ou leur commune. Alors que moi, je veux quelque chose qui fasse mouche sur le plan international.

Vos services de communication vous ont-ils fait part de l’indignation des médias nationaux face à ce qu’ils considèrent comme « le manque de considération » à leur égard ?

Je m’en « contrefoot » ! Ils ne m’ont jamais porté dans leur cœur vos « cons-frères ». Moi aussi, d’ailleurs. Alors, ils peuvent toujours continuer à me critiquer, si ça leur chante.

A quand la normalisation des relations entre vous et les médias maliens, ceux du privé s’entend ?

Quand ils auront compris que c’est moi le président de la Rue publique. Et qu’ils doivent me traiter comme tel, au lieu de jouer les « opposants de la 25e heure ».

Que voulez-vous dire par là ?

Qu’ils doivent se comporter en journalistes et non en « valets » de mes adversaires politiques.

C’est quoi pour vous un bon journaliste ou un journaliste tout court ?

En français facile, c’est un journaliste qui me caresse dans le sens du poil, qui m’encense et qui encense les actes que je pose au quotidien.

Rien que ça ?

Eh oui ! Cela peut te paraître simple, voire simpliste ; mais difficile à faire. Surtout, pour les scribouillards qui se sont auto-proclamés « journalistes ». N’est pas journaliste, qui veut !

Mr le président, allez-vous rencontrer Soumaïla Cissé pour faire la paix des braves avec lui ?

Rectificatif : c’est moi le grand-frère. Et c’est à lui de venir me voir pour que nous fumions, ensemble, le calumet de la paix.

Mr le président, à quand l’augmentation de l’aide à la presse ?

Je le ferai le jour où tes « cons-frères » se comporteront en « bons journalistes ». C’est à dire, en « confrères ». Tout simplement.
Dis-moi, Le Mollah : tu es venu pour m’interviewer ou pour faire du lobbying pour tes confrères ?

Pour vous interviewer, Mr le président !

Alors, pourquoi tu plaides pour tes « confrères » ?

L’occasion faisant le larron, j’ai tenté de faire d’une pierre, deux.

Alors, cesse de faire l’avocat du diable. Va dire à tes confrères que s’ils veulent que je les sorte de leur misère, ils savent ce qu’ils doivent faire. C’est mon dernier mot. Et bonne journée !

Propos recueillis par Le Mollah Omar 

Source: Canard Déchainé