– dans les institutions internationales : expert détaché auprès de la Commission européenne en charge de la coopération énergétique avec l’Asie, conseiller principal du Projet Energie II, financé par la Banque mondiale au Niger, directeur général du CDE- Bruxelles (une institution de l’Union européenne et du Groupe des pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique)
– dans l’administration publique : ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau – et conseiller spécial du président de la République (ATT) en charge des questions économiques, financières et de l’investissement
– dans le secteur privé : PDG de plusieurs groupes et fonds d’investissement dans les secteurs de l’énergie, des mines, des infrastructures et du numérique. Après la fusion de sa FinTech avec un grand groupe leader dans la monétique et la transformation digitale, il y assure actuellement le poste de vice-président en charge du développement international.
i j’étais IBK, j’aurais tout mis en œuvre pour faire libérer Soumaïla Cissé, dans les tout-prochains jours. Si ce dernier est entre les mains des preneurs d’otages habituels, je satisferais toutes leurs demandes non insensées, aussi bien financières que celles portant sur la relaxation de leurs combattants détenus. Si “mon jeune frère” est entre les mains d’éléments incontrôlés, ayant agi à mon insu (comme semble le penser certains membres d’associations pour sa libération), alors qu’ils s’exécutent pour mettre immédiatement fin à cet acte de zélés irresponsables.
Suite à sa libération, je veillerais à ce que Soumaïla soit accueilli en héros national. Sa libération ferait tomber fortement la tension. Le FSP s’alignerait derrière son président. Mon autre jeune frère, l’iman Mahmoud Dicko, épris de paix et de cohésion nationale, comme il l’a encore démontré le 19 juin en amenant les manifestants à rentrer calmement chez eux, saurait saisir cette occasion pour nous sortir de l’impasse.
Si Allah subhänahu wa ta’äla décidait autrement, alors je demanderais au M5-RFP, de me proposer un Premier ministre de large consensus. Dès la nomination du nouveau Chef de gouvernement, nous prendrions et mettrions en œuvre rapidement les décisions et mesures suivantes :
– En tant que Président de la République, je garderais la main sur les départements régaliens de l’Etat : ministères de la Défense, de la Sécurité intérieure, de l’Administration territoriale et des Affaires étrangères.
– Les ministères de production et de création des richesses et d’emplois : (i) Agriculture/Elevage/Pêche, (ii) Commerce/Industrie/PME/Secteur informel, (iii) Mines/Energie/Eau, (iv) Infrastructures/Investissement, (v) Economie numérique, (vi) Transports, (vii) Artisanat/Tourisme/Culture, (viii) Economie et Finances seraient confiés à des technocrates, choisis uniquement sur la base de leurs expertises, compétences et crédibilité. Ils seront mis à l’abri des soubresauts politiques pour les laisser le temps de conduire les réformes sectorielles nécessaires. Je laisserais le soin au Premier ministre de sélectionner ces ministres.
– Les 14 autres postes seraient répartis entre l’opposition et la majorité en tenant compte des équilibres régionaux, entre jeunes et moins jeunes, du genre. Cette dernière répartition sera aménagée en fonction des résultats des législatives. Je veillerais avec le Premier ministre à trouver ces équilibres idoines.
Les membres du gouvernement (sauf faute grave en cours de mission) auraient un mandat unique de 3 ans, à l’issue duquel, ils ne pourraient faire partie ni d’un nouveau gouvernement, ni avoir un mandat électif de 2023 à 2028. Il appartiendrait à Soumaïla Cissé, s’il est libéré à temps (Plaise au Bon Dieu), de tenir compte de cette contrainte dans sa décision d’être Chef du Gouvernement, ou de décider avec le Comité Stratégique du M5-RFP de me proposer un autre Premier ministre.
Moi IBK, pour ma part, je m’engage à respecter la Constitution en ne briguant aucun mandat en 2023 et à contribuer, sans aucun parti pris, à l’organisation d’élection transparente, crédible et apaisée. Le choix du Peuple malien serait respecté en 2023.
Avec la mise en place de la plateforme AML (Anti-Money Laundering), nos prédateurs doivent savoir qu’avec une réelle volonté politique, il serait assez aisé de dénicher toutes leurs caches partout dans le monde. Les récalcitrants verraient tous leurs biens requis par l’Etat au nom du peuple et seraient lourdement sanctionnés. Dans la foulée, la nouvelle Assemblée nationale instaurerait la loi sur le délit d’apparence. Ainsi, dans le Mali de demain, toute personne qui serait incapable de justifier l’origine de ses biens se verraient spolier par la puissance publique et jeter en prison (c’est le modèle Kagamé).
Ces mesures pourraient permettre d’augmenter les salaires dans les services publics et de baisser les charges fiscales des entreprises privées, afin de les permettre d’améliorer les rémunérations de leurs employés.
Dans le cadre des dispositifs de sortie de crise pandémique, nous demanderons au FMI et à la Banque mondiale, l’instauration du contrôle des prix pour une durée d’un an. Les marges sur les produits de première nécessité seront limitées à 10 % sur les prix CAF. Les commerçants récalcitrants verront leurs licences transférées à de jeunes opérateurs, qui seraient appuyés par l’Etat. Très rapidement, les Maliens devraient ressentir le vent du changement.
Et puis tout d’un coup, l’appel pour la prière d’Isha, à partir de mon iPhone, me sort de mes pensées, et je réalise que je ne suis pas du tout IBK. Après la prière, j’ai passé en revue mes idées, peut-être rêveuses. Je me suis posé la question s’il fallait-il les partager ? J’ai réalisé qu’elles feraient beaucoup de mécontents : les opportunistes d’un côté, les prédateurs de l’autre.
Les faucons des deux bords seraient même furieux. Qu’ils se rappellent cependant que l’histoire nous enseigne que ces sont les extrémistes qui font souvent les frais des accords post révolutionnaires.
Les mesures vues “dans la peau d’IBK” pourraient-elles servir de base de dialogue pour sortir le pays de l’impasse ? Elles ne sont certainement pas la panacée, elles ne satisferont entièrement aucun camp, mais elles pourraient, après avoir été amendées et complétées par d’autres acteurs sincères, servir de base de négociation pour une sortie de crise. Les protagonistes raisonnables d’un conflit finissent toujours par se retrouver autour d’une table. Surtout, s’ils sont guidés par l’intérêt national.
Dr. Hamed Sow