Jean Cardinal Zerbo est né à Ségou le 27 décembre 1943. Il a été ordonné prêtre le 10 juillet 1971. Une partie de sa formation supérieure a eu lieu à Lyon (France). Il a aussi une maîtrise en Ecriture Sainte de l’Institut biblique de Rome (1977-1981). À partir de 1982, il a été Curé de la paroisse de Markala, puis professeur au grand séminaire de Koumi (Burkina-Faso).
Il a été nommé évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bamako le 21 juin 1988 et ordonné le 20 novembre 1988 par Joseph Cardinal Tomko. Le 19 décembre 1994, il a été transféré comme évêque du diocèse de Mopti. Le 27 juin 1998, il a été nommé par le Pape Jean Paul II archevêque de Bamako. Il a été créé Cardinal par le Pape François le 28 juin 2017. Son nom avait été annoncé avec quatre autres par le Pape le 21 mai lors de la prière du Regina Coeli, place Saint-pierre. Il a joué un rôle actif dans les négociations de paix au Mali. Il s’est beaucoup impliqué dans la lutte contre l’exclusion, mais a surtout été un promoteur de la réconciliation et de la solidarité entre les Maliens.
Consistoire du 28 juin 2017 : allocution du Cardinal Omella au nom des autres Cardinaux
Saint-Père,
En arrivant à Rome par la via Cassia, Saint Ignace de Loyola, Saint Pierre Favre, et le père Diego de Lainez, pour se mettre à la disposition du Saint-Père Paul III, ont prié dans une petite église isolée, où la route fait une boucle abrupte à la Storta. Ignace eut une lueur d’en haut : Ego vobis Romae propitius ero. À Rome je vous serai favorable. Diego Lainez rapporta ensuite le commentaire stupéfiant d’Ignace, qui cherchait à comprendre cette communication intérieure : -je ne sais ce qui nous arrivera, peut-être serons-nous crucifiés à Rome. Ignace à première vue, ne concevait pas la grâce divine en termes de reconnaissance, mais plutôt comme don suprême du martyre.
Le souvenir de cet évènement nous aide à comprendre la nature profonde de cet appel du seigneur et l’amabilité de Votre Sainteté à faire de nous des collaborateurs encore plus proches Cum Petro et Sub Petro de votre catholique sollicitude pastorale pour toute l’église. Contrairement aux mérites mondains, dans l’Eglise, il n’existe pas d’autres titres qui marquent le chemin d’un service plus zélé et engagé pour l’annonce de l’Evangile et rachat de tous au nom du seigneur, surtout des plus nécessiteux. Que ce rouge vermeil brillant que nous portons aujourd’hui ne soit pas pour nous motif de vantardise, mais mémoire vive de notre Rédemption qui nous racheta au prix de son sang.
Dorénavant, ce rouge deviendra le signe vocationnel d’un nouveau dépouillement de nos intérêts, pour nous donner en tout et pour tous jusqu’à ce que, pour l’amour du peuple de Dieu, par fidélité au bon pasteur Jésus et son vicaire sur terre, se consument toutes nos ressources.
Nous sommes convoqués par Votre Paternité Universelle d’églises géographiquement distantes, mais fières de leur fidélité à l’Evangile dans des circonstances pas toujours faciles et dans certains cas, voire même dramatiques. Témoins de l’unique église du Christ Jésus qui subsiste dans des communautés éprouvées par l’usure de l’incroyance, par la guerre, par la pauvreté, ou qui ont partagé la douleur de la mort violente de son propre évêque pour avoir défendu l’évangile des pauvres.
Maintenant que la joie de ces peuples résonne dans nos cœurs. De notre part, jaillit du plus profond du cœur. Bénit soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avec la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour (Eph. 1, 3-4). Tout cela est vraiment une grâce, et nous avons tout reçu gratuitement. Et c’est pourquoi nous voulons tout rendre, dépenser toute notre vie gratuitement, faire d’elle une obligation eucharistique au Père de toute miséricorde en Jésus Christ dans l’esprit.
Ce service rendu à l’Eglise et l’humanité que nous demande Votre Sainteté nous porte à travailler débordant de joie et d’espérance pour remettre au monde la Nouvelle de Jésus. Oui, l’évangile est un trésor, bien que porté pauvre et modestement dans des vases d’argile (Cf. 2Cor 4, 7). Mais en même temps nous stimule le désir d’un feu qui allume d’autres jusqu’aux limites de la terre, et ne se contenter pas de le tenir à l’abri. Caritas Christ Urget nos (2Cor 5, 14). Nous ne voulons pas être une Eglise autoréférentielle ; nous voulons être une Eglise pèlerine sur les chemins du monde, à la recherche de tout le monde, mêlant dans leurs cœurs de baume de la joie et de la paix, séchant les larmes du plus grand nombre et élevant leur espérance qui s’avère définitivement dans la réconciliation que nous a procurée le fils de Dieu.
Que Sainte Marie, Mère de Dieu, et Mère de l’Eglise, nous pousse, serrés, serrés au cœur de Jésus, et nous aide à regarder, comme une grappe soudée et unie Votre ministère pétrin, Saint-Père, vrai pivot de la communion de toute l’Eglise, avec le même regard que Jésus quand il regarde l’humanité qui a besoin de consolation.
Merci, Saint-Père.
Gabriel TIENOU