Changement de ton radical pour le second administrateur, un Malien vivant entre le Canada et les États-Unis. Il reconnaît avoir des pages Facebook destinées à la “lutte contre l’homosexualité au Mali”, mais affirme ne jamais avoir diffusé d’appel à la haine, alors que des vidéos en bambara prouvent clairement le contraire.
“On n’est pas là pour appeler à la violence, tuer ou agresser qui que ce soit, ce n’est pas comme ça qu’on réglera ce problème. Notre but, c’est de lutter pour que le gouvernement légifère comme ça a été le cas en Ouganda”, affirme-t-il. [Une loi ougandaise de 2014 a encore durci la répression des relations homosexuelles, NDLR]
Des pages Facebook qui sont régulièrement désactivées…Ces pages Facebook ne visent pas seulement des anonymes : des stars locales du show-business sont régulièrement désignées par ces pages comme gay pour tenter de ternir leur réputation. C’est ce qui est notamment arrivé au chanteur Ladji Lagaré Kanté, après la diffusion, sur la page LCHM Chico 223, d’une vidéo prétendant le montrer en plein ébats sexuels avec un homme. Ce qui a poussé l’artiste à se justifier par une série de vidéos, niant qu’il s’agissait de lui, allant jusqu’à jurer sur le Coran qu’il n’était pas homosexuel.
Très actives durant l’été 2017, ces pages Facebook le sont un peu moins ces dernières semaines. Pour cause : elles ont été la cible d’une contre-attaque de pages Facebook influentes du Web malien, comme le Tribunal des Stars, ou Mali Jolies Dew, qui sont intervenues pour dénoncer leurs publications auprès de Facebook, et ridiculiser leurs actions jugées “d’un autre temps”.
La page LCHM Chico 223 est notamment restée indisponible pendant plusieurs semaines avant de réapparaître mercredi 13 septembre. Cependant, la plupart des vidéos où des photos incitaient ouvertement à la haine, ont été supprimées. Mais certaines sont en revanche toujours accessibles.
Dans cette vidéo, toujours disponible sur la page Facebook LCHM Chico 223 au 15 septembre en langue bambara, un individu est présenté comme un homosexuel en donnant son nom. Il affirme ensuite “que “toutes personnes qui tue un homosexuel aura droit à une récompense au paradis” puis ajoutant “Attrapez les, kidnappez et torturez les PD, Il n’y aura aucun problème là dessus”.
…et utilisent un logo voléAutre association qui est montée au créneau : la véritable association “Lutte contre l’homosexualité au Mali” (LCHM), basée à Bamako. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, cette dernière a condamné l’utilisation de son logo “par des individus malintentionnés qui font des vidéos pour insulter, chose que nous déplorons beaucoup car contraire à nos valeurs”.
Contacté par France 24, un porte-parole de l’association explique que l’action de LCHM est “pacifique, basée sur la sensibilisation et l’incitation de l’État à prendre des mesures [contre l’homosexualité, NDLR], mais surtout pas à agir nous-mêmes”. L’association a expliqué à France 24 se réserver le droit de poursuites en justice si le phénomène venait à continuer.
Photo du communiqué diffusé par l’association LCHM expliquant se distancier avec les publications Facebook incitant à la haine et utilisant son logo.
Dans la deuxième partie de notre enquête, vous découvrirez comment ces pages Facebook peuvent avoir une influence directe sur le quotidien des personnes qu’elles visent, et comment des associations s’organisent pour défendre ces victimes“Chasse aux homosexuels” au Mali : « comment j’ai été harcelé » (2/2) – cliquez sur l’image pour lire la deuxième partie de l’enquête :