Les activités de la Campagne « 16 jours d’activisme » contre les violences faites aux femmes et aux filles se poursuivent. Compte tenu de l’ampleur du phénomène dans notre pays, le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a décidé d’impliquer les leaders religieux. Il s’agit à travers cette démarche, de trouver des stratégies et solutions pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles. Ainsi, après les groupements religieux des femmes et des jeunes, c’était le tour des groupements religieux d’hommes de se réunir avec les autorités politiques, la société civile et les partenaires pour dégager des pistes de solutions à cette problématique qui nuit dangereusement à la vie de la femme et de la fille.
C’était jeudi dernier à l’hôtel Al Farouk sous la présidence du ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Sangaré Oumou Ba et celui des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Oumar Hass Diallo. Etaient aussi présents le directeur régional de l’UNFPA, Mabingué NGom et la représentante de ce même organisme onusien dans notre pays, Mme Josiane Yaguibou et les représentants de toutes les confessions religieuses dans notre pays.
Le sujet est d’actualité, une problématique à laquelle il faudra urgemment trouver une solution, a expliqué El Hadj Sidi Konaké, un membre influent du Haut conseil islamique. En la matière, dit-il, beaucoup a été fait, que de mobilisation ! Il s’agit donc, selon lui, de faire en sorte que le positif reprenne sa place dans notre pays. « Nous devons réfléchir ensemble pour développer des attitudes, des méthodes pour faire face aux violences faites aux femmes et aux filles », a-t-il lancé. Dans ce combat, chaque Malien, toutes catégories confondues, doit s’impliquer, s’engager afin que nous dépassions la parole pour poser des actes salutaires en faveur de la protection de la femme et de la fille maliennes.
L’imam Hady Moulaye Koureïchi, a pour sa part, expliqué la version du Coran par rapport au droit de la femme. Selon lui, une sourate complète est dédiée à la cause féminine. A travers cette sourate, la femme est protégée de toutes sortes d’abus et de violences. L’érudit pousse la réflexion plus loin en indiquant que le prophète (PSL) a dédié son tout dernier prêche à la cause de la femme. Pour l’imam Koureïchi, la vie et le corps de la femme sont sacrés dans la religion musulmane.
L’Abbé Edmond a pris la parole pour indiquer que nous devons tous œuvrer à faire évoluer les mentalités, sensibiliser et éduquer sur le plan familial que scolaire. Il a plaidé aussi en faveur de l’adoption de mesures répréhensives afin de punir les auteurs des violences faites aux femmes et aux filles. Il a réaffirmé l’engagement de l’église à lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles.
Le directeur régional de l’UNFPA, Mabingué Ngom a remercié le gouvernenent pour son engagement à faire de l’égalité des sexes, une réalité. Cependant un certain nombre de fléaux, dont les violences basées sur le genre (VBG) sévissent et prennent de l’ampleur. En effet, les chiffres sont alarmants. Rien qu’entre janvier et septembre 2016, le sous cluster VBG a enregistré 1417 cas, dont 35% de violences sexuelles et 12% de cas de mariage d’enfants. Notre pays, a affirmé le directeur régional de l’UNFPA, est le deuxième pays qui enregistre le taux le plus élevé de mariages d’enfants dans le monde. Ce qui, de son avis, est alarmant et nécessite une action commune pour renverser la tendance. Il a souhaité que cette rencontre soit le déclic de la rupture avec cette pratique atroce dans notre pays. Il a souhaité un cadre juridique en la matière.
Cependant, selon lui, ce dispositif n’est pas suffisant, car il faudra que la loi soit appliquée à tous les niveaux sans exclusion. Mabingué Ngom a invité les uns et les autres à soutenir les efforts du gouvernement à travers le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille afin qu’il ait une loi contre les VBG. A cet effet, soutient-il, l’engagement et l’implication des religieux est la voix à suivre.
Le ministre Mme Sangaré Oumou Ba dira qu’il nous faudra travailler ensemble pour trouver la bonne stratégie afin de mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles dans notre pays. Elle a expliqué que cet espace a été initié pour échanger, conscientiser et surtout engager les uns et les autres dans la lutte contre les VBG au Mali. « Nous voulons un pays paisible exempt de toutes violences notamment celles faites contre la femme et la fille. Nous devons donc agir ensemble afin d’éradiquer cette pratique qui n’est justifiée par aucune religion », a jugé Mme Sangaré Oumou Ba.
En clôturant les débats, le ministre des Affaires religieuses et du Culte a expliqué que le rôle des religieux est déterminant dans la lutte contre les VBG. Cependant nous ne devons pas bousculer les choses. Il faudra travailler avec tact pour aller vers ce changement tant réclamé, tant souhaité pour permettre à la femme et la fille malienne de jouir de tous leurs droits.
M. A. Traoré
MPFEF
Source : L’ Essor