Au Mali, des femmes et quelques hommes se dépigmentent la peau en utilisant des lotions et crèmes dangereux. Des produits cosmétiques aux produits caustiques, tout y passe, l’essentiel c’est d’avoir une peau claire. Mais les conséquences sont souvent dramatiques et irréparables, certains utilisateurs ont perdu la vue.

Témoignages dans ce reportage à Bamako de Fatoumata Coulibaly
« Caro White, 72h, miss White, Abidjanaise, Bamakoise, Newyorkaise », la liste de ces produits dits éclaircissant est longue. Généralement recommandés de bouche à oreille, ils sont censés rendre la peau claire à leurs utilisateurs et utilisatrices comme Fatoumata Sylla, enseignante.

« Auparavant je pouvais dépenser 35000F seulement pour rendre ma peau claire. Après je me suis rendue compte que ces dépenses étaient inutiles et dans un documentaire télévisé à travers des explications d’un dermatologue j’ai vu que ça provoque certaines maladies difficiles à traiter. Alors j’ai abandonné car rester naturel est mieux que d’aller chercher les maladies ».

Celle que nous appellerons Bintou un nom d’emprunt, n’a pas voulu arrêter . Elle a commencé à utiliser ces produits dans l’espoir de trouver rapidement un mari , aujourd’hui elle est aveugle :

« J’ai commencé à utiliser ces produits pour me rendre belle. Tout le monde sait que les hommes maliens n’aiment pas les femmes foncées. L’année passée j’ai commencé à sentir les douleurs au niveau de mes yeux, le médecin qui m’a consulté m’a conseillé d’arrêter d’utiliser les produits éclaircissants . Je n’ai pas suivi son conseil. Je le regrette aujourd’hui, je suis devenue non voyante ».

Hamadoun Diallo ophtalmologiste chirurgien à l’Institut d’Ophtalmologie Tropicale de l’Afrique (IOTA) à Bamako confirme que certaines de ses patientes ont perdu irrémédiablement la vue à cause de l’utilisation de ces produits qui endommagent la peau mais aussi la vue dans certains cas.

Il précise que certains de ces produits éclaircissants contiennent des corticoïdes qui ont des effets très néfastes sur les yeux. Malgré les mises en garde et les risques, certaines femmes au Mali continuent de se dépigmenter la peau.

Source : AFP