« Malheureusement; les politiques ont acheté la conscience de la société civile. Elle n’est plus capable de jouer son rôle », déclare sans ambages M. Abdoulaye Niang, membre fondateur de Joko ni Maaya, un réseau d’organisations de la société civile. Et ni les religieux, ni les « fondateurs de Bamako », encore moins les jeunes, ne peuvent plus jouer ce rôle. La crise est donc profonde et « très peu de gens peuvent parler », ajoute M. Niang.
Initialement, ce rôle devait lui permettre d’être un partenaire accompagnant la classe politique. Mais, dans le contexte malien, certains hommes politiques estimant qu’il « n’existe pas de société civile tout court », ce rôle n’a pu être mené à bien.
Quoi qu’il en soit, la société civile, dans la nouvelle ère démocratique », se trouve au milieu, entre classe politique et classe économique et elle doit mener des initiatives pour permettre la stabilité, selon M. Niang.
C’est donc une prise de conscience, surtout des jeunes, qui « doivent comprendre que ceux qui dirigent ont échoué », qui s’impose, selon M .Ibrahim Ben Touré, coordinateur d’Activistes TV. Mais pour mener ce combat « déterminant », « les jeunes doivent s’unir malgré leurs difficultés », trouver les moyens nécessaires à leurs actions, « régler leurs problèmes de leadership » et réfléchir à l’intérêt général, selon lui.
Éducation civique
Mais si la société civile ne peut plus s’adresser à la classe politique, jugée « indigne », de quelle alternative dispose t-elle ? « La désobéissance civile », répond M. Niang. « Un droit constitutionnel qui ne mène pas au coup d’État. Avec une société civile digne, le Mali serait l’un des pays les plus riches! Il n’y a pas de raison que ses populations soient à la 182ème place de l’Indice de développement humain ». Pour y arriver, « il faut une ’éducation civique », préconise M. Niang. Mission à laquelle s’attelle son organisation. « Nous formons les citoyens dans ce sens, même si, à la moindre occasion, ils détruisent ce que l’on a construit », note M. Niang. Cependant l’espoir est permis, car il s’agit d’un travail scientifique dont les fruits seront récoltés plus tard.
Journal du mali