Il est à 17 ans l’un des plus grands talents de sa génération. Promis à un très bel avenir, ce joueur très vertueux fait preuve, en dépit de son âge, d’une incroyable maturité. Maitrisant aussi habilement le ballon qu’il pèse ses mots, le jeune milieu de terrain s’est confié en exclusivité à Journal du Mali.

Journal du Mali : Vous avez une histoire singulière avec ton père concernant tes débuts dans le football. Pouvez-vous nous la raconter ?

Abdoul Salam Ag Jiddou : Mon père est un ancien enseignant et il ne voulait pas que je privilégie le football au dépens de mes études. Nous avons signé un contrat moral. Le jour de mon entrée à l’académie, je suis venu le voir pour lui dire que j’abandonnais les études pour me consacrer au football. Il m’a dit qu’il préférerait me voir continuer à étudier, mais je savais ce que je voulais, c’était le football. Je lui ai demandé de faire des bénédictions et de me laisser m’occuper du reste. Ce n’est donc pas une option de réussir dans le football, mais plutôt une obligation pour moi.

Avec le recul, estimez-vous que vous auriez pu faire mieux lors de la Coupe du Monde U-17 ?

Évidemment. Nous avions une bonne équipe et, en demi-finale, nous avons fait notre match, en donnant tout. Mais, comme le dit l’adage « l’homme propose, Dieu dispose ». L’erreur d’arbitrage ne nous a pas aidés non plus. L’arbitre est un être humain. Mais nous aurions pu mieux faire.

De nombreux clubs seraient intéressés par votre profil, qu’en est-il ?

C’est vrai, des clubs me veulent, mais je préfère ne pas m’épancher dessus pour le moment. Le jour où je signerai dans un club, cela se saura très vite.

Pourtant, certains de vos coéquipiers ont déjà été recrutés…

Je préfère me donner le temps de la réflexion pour faire le bon choix.

Etes-vous déçu de ne pas avoir remporté le titre CAF de meilleur joueur jeune de l’année? (Ndlr : décerné le 4 janvier 2018)

Un peu, mais bon, c’est la vie, c’est le football. Le combat continue et on s’accroche. Le travail paiera forcément.

En marge de ce gala, la légende africaine Samuel Eto’o t’a donné des conseils. Que t’a-t-il dit ?

Qu’il avait un petit peu entendu parler de moi sur les réseaux sociaux et qu’il m’avait vu une ou deux fois lors de la Coupe du monde. Il m’a dit que j’avais le talent, le potentiel, pour devenir un très grand joueur et qu’il fallait que je me donne les moyens de réussir dans le football. Il m’a confié qu’à 17 ans il n’avait pas eu la chance d’être nominé pour le titre de meilleur jeune joueur d’Afrique et que la balle était dans mon camp. Par la suite, Aubameyang et El Hadj Diouf m’ont également donné des conseils.

L’ossature de la sélection senior malienne est constituée essentiellement de jeunes. Vous êtes dans la catégorie junior pour l’heure, mais vous voyez-vous très prochainement chez les A ?

Je connais un peu le coach Magassouba. Nous étions ensemble lors de la Coupe d’Afrique Cadets. Mais il vaut mieux ne pas brûler les étapes et avancer un pas après l’autre. C’est mon rêve de jouer avec les seniors le plus tôt possible. Actuellement, c’est la jeunesse qui prend le pouvoir en sélection et ce sera avec plaisir que je les rejoindrai.

Dans quel club rêvez-vous de jouer ?

Le Real de Madrid. En me réveillant je pense à ce club, et en dormant également. C’est grâce à Zidane que j’ai aimé ce club. J’espère donc porter un jour le maillot de ce club et, pourquoi pas, être coaché par Zidane.

Si vous devez choisir entre remporter une Ligue des champions avec le Real Madrid ou disputer une Coupe du Monde avec le Mali, que feriez-vous ?

Je dirais les deux. Mais, quitte à choisir, j’opterais pour mon pays, c’est ma base. Le Mali n’a jamais été en Coupe du monde et c’est avec plaisir que je disputerais le premier Mondial de son histoire.

Quelles sont vos idoles ?

J’aime la manière de jouer de Zidane, mais mon idole c’est Cristiano Ronaldo. J’admire également beaucoup Luka Modric, c’est un très bon joueur.  Seydou Kéita aussi est un exemple à suivre, aussi bien sur qu’en dehors des terrains.