En dehors du terrain aussi, la silhouette soignée de Roger Federer ne passait pas inaperçue. Le Suisse pouvait d’ailleurs compter sur les conseils de la « papesse de la mode » Anna Wintour, rédactrice en chef du magazine Vogue et soutien indéfectible en tribunes. Avec Federer, les sponsors ne prenaient aucun risque, qui voyaient en lui le gendre idéal puis le père de famille modèle, incarnant toutes les valeurs qu’ils rêvaient de véhiculer. Au crépuscule de sa carrière, l’ancien patron du circuit comptait plus d’une dizaine de sponsors premium : horloger, champagne, concessionnaire automobile…

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En 2020, le magazine Forbes l’avait placé tout en haut de son classement des athlètes les mieux payés au monde, avec des revenus estimés à 106,3 millions de dollars (95,5 millions d’euros, perçus entre juin 2019 et mai 2020), devançant les footballeurs Cristiano Ronaldo et Lionel Messi.

L’écrasante majorité (94 %) provenait de ses contrats publicitaires, d’exhibitions pharaoniques et des « garanties » (des primes d’engagement versées par les organisateurs de tournois secondaires). S’il a accumulé plus de 130,5 millions de dollars de gains en tournois dans sa carrière, c’est hors compétition que s’est bâti l’empire financier de la « république fédérienne ».

Toujours disponible pour ses partenaires commerciaux, « RF » avait gagné la réputation d’un homme qui aimait compter sa fortune plutôt que les moutons à l’heure de s’endormir. Conseillé par son agent new-yorkais Tony Godsick, à qui il confia la gestion de ses intérêts en 2007, le Bâlois était un redoutable homme d’affaires qui ne mettait pas de sentiments lorsqu’il s’agissait de gros sous.

Contrat à 300 millions de dollars sur dix ans

En 2018, il lâcha son équipementier américain Nike, avec qui il était lié depuis près de vingt-cinq ans, pour le Japonais Uniqlo, qui lui garantissait un contrat estimé à 300 millions de dollars sur dix ans, soit bien au-delà de sa fin de carrière.

Quelques années plus tôt, il avait fait de même avec son premier partenaire horloger pour céder aux avances d’un concurrent plus rutilant. Il n’y a qu’avec sa raquette que le Suisse fut d’une fidélité sans faille, contractualisant à vie en 2006 son lien avec Wilson.

Conscient de son aura planétaire, Roger Federer avait appris à se faire désirer

Maître de sa communication et sportif contemporain « globalisé » conscient de son aura planétaire, Roger Federer avait appris à se faire désirer. D’abord auprès des organisateurs – le Suisse exigeait entre un million et deux millions de dollars pour s’aligner sur un tournoi de moindre envergure – et a fortiori du public, du moins dans la seconde moitié de sa carrière.

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Source: Le Monde