Surtout, ne rien changer et attendre que les réformes portent leurs fruits. Serein, parfois taquin, Joe Biden n’a pas attendu de connaître la composition définitive de la Chambre des représentants et du Sénat pour tirer les conclusions des élections de mi-mandat. Lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, mercredi 9 novembre, le président des Etats-Unis s’est réjoui d’une évidence : la loi de la gravité, dans la politique américaine, voulant que ce scrutin punisse le parti au pouvoir a été défiée.

« Alors que la presse et les experts prédisaient une « vague rouge » géante [de la couleur de l’opposition républicaine], cela ne s’est pas produit », a dit Joe Biden. Les démocrates espèrent conserver le contrôle du Sénat. Une éventuelle majorité républicaine à la Chambre serait chétive. Dans ce contexte imprévu, le président a confirmé son intention de se présenter à la prochaine élection présidentielle dans deux ans, en précisant qu’il prendrait la décision définitive « en famille » et l’annoncerait début 2023.

Le président américain a aussi fixé les paramètres d’une éventuelle cohabitation avec une Chambre républicaine. Il s’est dit disponible pour un travail bipartisan, espérant la poursuite de l’aide massive apportée à l’Ukraine. Mais il a prévenu qu’il n’accepterait pas le sabordage de ses propres réformes, par exemple sur le prix des médicaments ou le climat. Joe Biden a plusieurs fois souligné qu’il comprenait la frustration des Américains en matière économique, en référence au coût de la vie. Mais il s’est dit confiant dans le fait que les citoyens verraient l’effet concret de ses réformes, dans leur vie quotidienne, dès le premier trimestre 2023.

La Maison Blanche avait plusieurs motifs de satisfaction, au vu des résultats : une forte mobilisation démocrate, pas d’hémorragie chez les indépendants, des candidats trumpistes souvent en grande difficulté, un Parti républicain très morose, s’interrogeant sur son orientation. « Ne sous-estimez jamais à quel point l’équipe Biden est sous-estimée », s’amusait mercredi matin Ronald Klain, le chef de l’administration présidentielle, sur Twitter. Ce dernier a veillé jour après jour sur le prix de l’essence à la pompe, depuis cet été, sachant à quel point sa baisse conditionnait une performance honorable dans les élections de mi-mandat.

En outre, la stratégie qui consistait à présenter le scrutin comme un enjeu existentiel pour la démocratie américaine a largement porté ses fruits, si on met à part la Floride. Pourtant, l’entourage de Joe Biden n’est pas dupe sur la nature du scrutin de mardi. Les sondages de sortie des urnes indiquent que l’excellente résistance démocrate n’est pas l’expression d’un vote d’adhésion. Pas plus que les 81 millions de votes en faveur de Joe Biden, à l’élection présidentielle, ne témoignaient d’un engouement majeur pour sa candidature. La popularité du président demeure à un niveau moyen de 42 %. Un pessimisme massif domine au sujet du devenir économique du pays, en raison de l’inflation.