La France a fait face jeudi à des appels croissants de groupes de défense des droits de l’homme pour ouvrir une enquête sur une frappe aérienne de ses forces au Mali qui, selon une enquête des Nations Unies, a tué 19 civils lors d’une fête de mariage.

Les enquêteurs de l’ONU ont publié mardi un rapport sur la frappe du 3 janvier, concluant qu’elle avait tué 19 civils et trois hommes armés près du village de Bounti, au centre du Mali.

La France, qui a plus de 5000 soldats au Mali et dans les pays voisins d’Afrique de l’Ouest pour combattre des terroristes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique, a rejeté les conclusions, affirmant qu’elle n’a touché que les militants islamistes.

Des groupes de défense nationaux et internationaux, dont l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), Amnesty International et Oxfam France, ont exigé que la France et le Mali mènent leurs propres enquêtes indépendantes.

«Nous demandons aux autorités maliennes et françaises de placer la quête de justice au centre de leur action, notamment à travers une enquête indépendante et approfondie», a déclaré le président de l’AMDH Moctar Mariko dans un communiqué.

La ministre française de la Défense, Florence Parly, arrivée tard mercredi au Mali pour visiter les troupes françaises et européennes, ne s’est pas engagée dans une enquête à la demande des journalistes.

« Ce que nous voulons, c’est que cette enquête (de l’ONU), qui a été menée de manière unilatérale, prenne en compte les arguments que nous voulions déjà souligner la première fois », a-t-elle déclaré jeudi.

Le gouvernement français a critiqué l’utilisation intensive par le rapport des témoignages, qui, selon lui, pourraient être de faux témoignages de sympathisants des militants ou de personnes sous leur influence. Il a déclaré que sa surveillance aérienne lui avait permis d’identifier les cibles comme des militants. Il n’a pas partagé cette surveillance avec les enquêteurs de l’ONU.