Originaire de Saint-Denis-les-Bourg, le général Pierre-Joseph Givre prendra, en juillet, le commandement de l’état-major de la Minusma au cœur d’une poudrière africaine.

Il s’apprête à quitter les montagnes alpines pour rejoindre le désert du Sahara méridional. Le 11 juillet, le général Pierre-Joseph Givre prendra le commandement de l’état-major du contingent militaire de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies (ONU) pour la stabilisation au Mali (Minusma).

L’actuel chef de la 27e Brigade d’infanterie de montagne (BIM, les célèbres Chasseurs alpins) deviendra le numéro deux de cette force, aux côtés du général de corps d’armée Dennis Gyllensporre, un officier suédois. À Saint-Denis-les-Bourg, sa commune d’origine, les parents du haut gradé aindinois éprouvent certainement de la fierté à l’idée de savoir leur fils dirigeant plus de 13 000 soldats issus de 57 pays du globe terrestre, pour servir une cause louable : la paix.

Depuis de nombreuses années, le Mali, ancienne colonie française, est l’objet de toutes les attentions des autorités françaises comme des États membres de l’ONU. Des ethnies qui se déchirent, des groupes terroristes qui répandent le djihad au nom d’un Islam dévoyé, un pouvoir légitime issu de l’élection présidentielle d’août 2018 affaibli, des trafics illicites qui prospèrent et profitent de l’instabilité politique : voilà résumée la réalité du Mali. Autant dire, une poudrière.

Au printemps 2013, l’ONU a dépêché ses casques bleus pour rétablir la paix et protéger la population dans ce pays du nord-ouest de l’Afrique, deux fois plus grand que la France. Sept ans après, la Minusma est toujours présente. Son action militaire, en particulier, est primordiale pour faire respecter les accords de paix signés en 2015 par une partie des communautés séparatistes avec le pouvoir en place.

Spécialiste de la guerre asymétrique

Le général Givre, qui se voit donc confier une mission d’un an, connaît le contexte. En 2019, une partie des 3 000 chasseurs alpins projetés sur la bande sahélo saharienne dans le cadre de l’opération Barkhane de lutte contre le terrorisme, est intervenue au Mali. L’officier français est un spécialiste de ce que le jargon militaire qualifie de guerre asymétrique : ces attaques sporadiques déclenchées au cœur de la population, par des groupes armés tapis dans le maquis, ou dissimulés parmi les autochtones. « Les soldats de montagne de la 27e BIM sont aguerris à ce type de situation. On les entraîne à agir au milieu de la population, à dialoguer avec elle », explique l’officier français.

Parmi les dangers qui menacent les militaires onusiens, les mines disséminées par les terroristes ou groupes armées rebelles sont les plus sournois. « La force de la Minusma est correctement équipée pour y faire face, avec des véhicules blindés pour ses troupes d’infanterie, des drones et des hélicoptères », indique le général Givre. « Le Mali, ce n’est pas la Bosnie, prévient-il. Le mandat de la mission est cette fois robuste, sans équivoque. Les troupes internationales peuvent user de la force chaque fois que nécessaire, lorsqu’elles sont visées ou si la population est menacée. » Sur place, le futur chef d’état-major ne restera pas dans son QG à Bamako, capitale malienne. Il ira au contact des unités déployées dans le pays. Mais à son arrivée dans ses nouvelles fonctions, l’officier aindinois aura une priorité : réussir la sortie de crise sanitaire – 206 cas positifs à la Covid-19 ont été recensés parmi les soldats de la force Minusma. Une autre guerre face à un ennemi… invisible.

Philippe Cornaton

Bio express

Âgé de 53 ans, marié et père de trois enfant, le général Pierre-Joseph Givre est un pur Bressan. Il est né et à grandi à Saint-Denis-les-Bourg, est passé sur les bancs du lycée Edgar Quinet avant de partir à Lyon pour ses études supérieures à l’Institut d’études politiques, puis à Paris, à l’École supérieure des armées, Saint-Cyr. Il est passé par le Centre des hautes études militaires, qui prépare les futurs officiers aux plus hautes responsabilités dans les armées, en interarmées et en administration centrale, en France et à l’international. Depuis début 2019, il commande de la 27e Brigade d’infanterie de montagne.

Source: lavoixdelain