La plus part des avortements au Mali s’effectuent par une technique chirurgicale, généralement l’aspiration du contenu de l’utérus, après dilatation du col, soit mécaniquement, en insérant des dilatateurs de plus en plus gros, soit de façon médicamenteuse. Nous sommes allez à la rencontre de monsieur Mahamoudou Coulibaly gynécologue obstétricien pour plus d’information.
Mali Tribune : Qu’est-ce que l’avortement ?
Mahamoudou Coulibaly : l’avortement est une interruption volontaire ou involontaire de la grossesse avant 22 semaines d’aménorrhée correspondant à 5 mois de grossesse.
Mali Tribune : Quand doit ont recourir à l’avortement ?
Mali Tribune : l’avortement peut-il rendre stérile ?
Mali Tribune : L’avortement laisse-t-il des séquelles psychologiques ?
Mali Tribune : Qu’est ce qu’un IVG ?
Mali Tribune : Pourquoi les jeunes filles demandent précisément l’IVG ?
Mali Tribune : Quel sont les conséquences lié à l’avortement ?
Mali Tribune : Quelles sont les complications éventuelles de l’avortement ?
L’AVORTEMENT CLANDESTIN VU PAR LA LOI
Un délit, un crime puni par la loi
L’avortement est délictuel au Mali, un crime puni par la loi malienne. Maître Somboro nous donne plus de précision.
Dans l’article 211, l’avortement est interdit par la loi malienne, à moins que ça ne soit pour sauver la vie de la maman. Hormis les cas pratiqués pour les motifs thérapeutiques, la tentative est sanctionnée, de ce fait les médecins qui se seront livrés à cette pratique seront punis de 1 à 5 ans d’emprisonnement ferme. Et c’est le tribunal correctionnel qui sera en charge de l’affaire et prononcera la sanction.
Dans l’article 212, officier de santé sage-femme, ou chirurgien, ainsi qu’employé de pharmacie, et herboriste, et marchant d’instrument de chirurgie, si ceux-ci pratiquent un avortement clandestin, ils seront condamnés à la peine prévue par l’article 213, qui est de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement et amande de 20 000 à 200 000 F CFA. Et de 1 à 10 ans d’interdiction de séjour.
BREMA ELY DICKO, SOCIOLGUE
“Un phénomène qui domine notre société”
L’avortement est un phénomène mondial, qui prend de l’ampleur partout dans le monde et concerne toutes les couches, les jeunes ainsi que les adultes.
Selon Brema Ely Dicko (sociologue), au Mali, il y a des filles qui s’adonnent à l’avortement parce qu’elles ont été violées par leur père, frère, voisin ou un autre membre proche de la famille. Par des personnes avec lesquelles elles n’auraient pas dû avoir de rapport sexuel et qui conduit à la grossesse, donc par nécessité font recours à l’avortement. Dans d’autres cas, physiquement le corps ne supporte pas la grossesse par ce qu’il y a une entrée assez précoce dans la sexualité, ce qui fait que certaines filles tombent enceinte avant l’âge requis pour une grossesse. Et généralement avec l’aval de leur maman, elles interrompent la grossesse parce que le corps n’est pas prêt.
Un autre point qui est le plus courant, qui n’est autre que la peur du regard de l’autre, de société, et la peur du rejet de la famille comme on le dit l’enfer c’est les autres. Surtout quand on est issue de certaines familles dites nobles, ou castes, ou dans certaines localités notamment en campagne. C’est mal perçu, et avant que les gens s’en rendent compte, les parents interrompent la grossesse en toute discrétion. Tels sont les motifs sociologiques qui incitent pas mal de fille, avec l’aide de certains parents, à se livrer à cette pratique.
Et un autre cas fréquent, qui est la contraction des grossesses hors mariage. Par exemple beaucoup de filles se marient à 14, 15 ans avec des jeunes qui partent à l’aventure et qui font quelques années sans revenir auprès de leur femme. Et du coup, ces femmes tombent dans l’adultère et finissent par avoir une grossesse. Qui sont du frère de leur mari, cousin, voir même leur beau-père, et étant mariée surtout à l’absence de son mari, la grossesse est considérée comme inceste sans oublier le jugement des proches et de l’entourage. Et ceci est un motif valable pour le divorce.
Chacun a le droit de vivre une sexualité épanouie, mais avec une protection pour éviter des surprises. Surtout aux filles de se protéger parce qu’elles sont les principales concernées, s’informer davantage sur le planning familial, et les risques liés à l’avortement. S’informer auprès des parents, précisément les mamans pour diminuer ce phénomène qui domine notre société.
MICRO-TROTTOIR
Avortement, des Bamakois en parlent
Au Mali, l’avortement est un sujet tabou. Alors qu’il est de plus en plus pratiqué, les jeunes fuient la question et évitent le sujet. L’avis des Bamakois.
Miriam Konaré (étudiante) :
“Chacun est maître de son corps”
“Les gens qui jugent les filles parce qu’elles s’adonnent à l’avortement, ont des réflexions très limitées. En plus, tout le monde n’avorte pas par plaisir d’autres sont forcées de le faire. On est maître de sa vie et de son corps, de ce fait personne n’a le droit de nous juger. Je fais de mon corps ce qui m’enchante”.
Alou Camara (médecin) :
“Certaines filles se font avorter sans leur accord”
“Beaucoup de fille se font avorter sans le vouloir. Leurs parents les amènent à se faire avorter sans prendre leur avis en compte. Selon certains parents, avoir un bébé sans être marié c’est déshonorer sa famille”.
Oumar Bagayogo (fonctionnaire) :
“Le sujet sur le sexe et l’avortement ne doivent plus être un tabou”
“Notre société est gangrenée par ce phénomène. Nous en tant que parent devons être près de nos enfants plus que jamais. Le sujet sur le sexe et l’avortement ne doivent plus être de sujet tabou. Au risque de conduire nos enfants dans la débauche”.
Salimatou Dicko (matrone) :
“l’éducation n’est plus ce qu’elle était avant”
“Les jeunes filles sont livrées à elles-mêmes. Les parents laissent l’éducation de leurs enfants dans les mains des écoles et de la rue, sous prétexte qu’ils travaillent. L’éducation n’est-il pas une priorité absolue ? Comment l’avortement ne serait pas le refuge des jeunes filles si leurs propres mères ne savent pas ce qui se passe dans leur vie ? ”
Djélika Touré (étudiante) :
“Mes parents ne savent rien de ma vie”
“Si nos mamans étaient plus proches de nous, on n’aurait pas affronté certaines situations déplaisantes. Personnellement, mes parents ne savent rien de ma vie, tout ce qu’ils font c’est me loger et payer mes études, pour le reste je me débrouille. J’ai avorté deux fois et à chaque fois je faisais de telle sorte que ma mère soit au courant qu’elle me conseille, mais elle se fiche de ce qui peut m’arriver”.
Adam Kané (étudiante) :
“Tous les sujets sont tabous avec ma maman”
“À quoi bon d’être parent, si tes propres parents te donnent un mauvais exemple. Je suis plus proche de mes tantes que de ma maman, et avec elle tous les sujets sont tabous. Surtout quand il s’agit de sexe ou de relation amoureuse. Pour elle, c’est un péché de parler de ça avec tes parents est un grand manque de respect”.
Dossier réalisé par
Sira Diarra
Source: Journal Mali Tribune