Le président ukrainien a réclamé aux Vingt-Sept des livraisons d’armes plus rapides face aux récents succès de l’armée russe dans le Donbass.
Au deuxième jour de sa mini-tournée européenne, jeudi 9 février, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli en héros à Bruxelles.
« Nous ne défendons pas que notre territoire, nous défendons notre maison européenne », a déclaré le dirigeant ukrainien au cours d’un sommet européen. Il a « personnellement » remercié les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE de leur « soutien sans faille » ces derniers mois. Mais il a aussi prévenu qu’il faudrait faire plus :
« Nous avons besoin d’artillerie, de munitions, de chars modernes, de missiles à longue portée, d’avions de chasse modernes (…). Merci d’en faire davantage. Nous devons aller plus vite que notre agresseur. »
Il a également appelé à durcir les sanctions économiques contre Moscou. Le moment est crucial pour l’Ukraine qui s’inquiète des récents succès de l’armée russe dans le Donbass et craint une offensive d’ampleur dans les prochaines semaines.
Dans la matinée, Volodymyr Zelensky a d’abord été accueilli par les eurodéputés qui lui ont réservé une ovation debout, après des étapes à Londres et Paris la veille. « Bienvenue chez vous, bienvenue dans l’UE ! », lui a lancé le président du Conseil européen, Charles Michel. Manifestement ému, la main sur le cœur, il a écouté l’hymne ukrainien aux côtés de la présidente du Parlement, Roberta Metsola, qui a salué « une journée historique pour l’Europe ».
Macron et Scholz temporisent sur les avions
L’Union européenne et ses Etats membres évaluent à « au moins » 67 milliards d’euros leur soutien militaire, financier et humanitaire à Kiev depuis le début du conflit, le 24 février 2022. L’UE va « poursuivre le soutien à l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire », a promis le chancelier allemand, Olaf Scholz. « Il est très important que nous accélérions l’aide militaire. Nous devons faire plus », a plaidé la première ministre estonienne, Kaja Kallas.
Reçu à Londres mercredi par le premier ministre Rishi Sunak et par le roi Charles III, le président ukrainien avait été accueilli à Paris mercredi soir par Emmanuel Macron qui avait aussi convié Olaf Scholz pour un dîner tardif à l’Elysée. MM. Macron et Scholz ont pour l’instant temporisé sur les avions. « Je suis convaincu qu’il faut privilégier les livraisons utiles pour mener ces opérations et résister, plutôt que les engagements qui arriveront très tard ou très loin », a expliqué le président français à Bruxelles, assurant que la question des avions n’avait pas été discutée à Paris avec M. Zelensky. « Il faut regarder ce qui est livrable à court terme », a-t-il insisté.
A Londres déjà, le président ukrainien avait demandé « des avions de combat pour l’Ukraine, des ailes pour la liberté ». Semblant entrouvrir la porte à des livraisons d’aéronefs, le chef du gouvernement britannique a promis de former des pilotes de chasse « aux normes de l’OTAN ». Il a demandé à l’armée britannique d’étudier de possibles livraisons d’avions, une solution qui n’est envisageable qu’« à long terme ».
Un porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a averti jeudi contre « un engagement croissant de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la France dans le conflit ». « La frontière entre engagement indirect et direct disparaît peu à peu. On ne peut que le regretter », a-t-il déclaré.