C’est devant une auguste assemblée des décideurs politiques internationaux que Mme DIAWARA Aissata lady TOURE, a lancé un cri de cœur pour dénoncer les violences que subissent les femmes et la petite fille dans le centre et dans le Nord de notre pays.
D’entrée de jeu, le porte-étendard du parti RPM a rappelé qu’au Mali, les populations souffrent à cause de la crise multidimensionnelle accentuée par le terrorisme depuis plus de dix ans. Selon elle, on constate déjà malheureusement un recul des droits des femmes, le retour des lois régressives prônant l’impunité pour les auteurs de violences domestiques et le recours à la force par les groupes djihadistes pour faire taire les féminoïdes et les manifestants contre la violence à l’égard des femmes et des filles dans plusieurs localités de notre pays.
« Dans certains contextes, les organisations de défense des droits des femmes ont perdu leur statut juridique, puisque ne pouvant plus exercer d’activités de défense de droit de femme à cause de la présence des djihadistes », a-t-elle déploré.
Des chiffres qui inquiètent
Se focalisant sur des chiffrent officiels, Mme DIAWARA n’a pas caché son inquiétude face à la recrudescence des violences basées sur le genre depuis, l’invasion djihadiste dans notre pays. Selon elle, le rapport de l’Étude générale sur les violences basées sur le genre au Mali, réalisée entre 2020 et 2021 indique que depuis janvier 2021, un total de 7962 femmes et filles ont été victimes de VBG au Mali. Les données recueillies par le système de gestion de l’information relatives aux VBG (GBV IMS). Elle déplore que ce nombre ait augmenté de 50% par rapport à la même période au cours de l’année.
Il a été noté dans ledit rapport qu’entre janvier et décembre 2021, 9540 cas de VBG ont été rapportés par les acteurs de l’étude, contre 6605 cas rapportés à la même période en 2020, soit une augmentation de 44%. Cette augmentation se caractérise par des viols récurrents ou même des cas des viols collectifs lors de déplacements de la population, lors de la collecte d’eau ou la recherche du combustible autour de sites de déplacés, a-t-elle indiqué.
Selon les données rapportées par la même source, la région du centre, notamment Mopti enregistre plus de cas documentés, soit 28% du nombre total des cas rapportés. Ainsi, les violences sexuelles sont les cas les plus rapportés dans la région du centre, soit 48% des incidents dont 31%s de viol. Aussi, 99% des personnes survivantes enregistrées dans la région sont des femmes dont 62% sont des filles de moins de 18 ans et 1% sont des garçons, a-t-elle déploré, la voix nouée par la désolation.
Elle a aussi peint l’état actuel des VBG au grand Nord, toujours en se basant sur les chiffres officiels.
« La région de Gao, y compris Ménaka, a enregistré 18% du nombre total d’incidents en 2021. Parmi ces 18%, 37% des cas sont des cas de violences sexuelles, dont 26% de viol, soit les cas les plus rapportés suivis des dénis de ressources représentant 31% des incidents pour la région.
De même, 99% des cas sont des femmes dont 29% sont des filles. 1% sont des garçons. Quant à la région de Tombouctou, on trouve 16% d’incidents enregistrés », a-t-elle égrené un chapelet de violences basées sur le genre dans ces régions.
Quant aux participants au XXIIième congrès de l’Internationale Socialiste des Femmes, ils ont manifesté une résolution mondiale contre les violences basées sur le genre.
L’assistance a ainsi reconnu que la violence à l’égard des femmes, qui est une très grave violation des droits humains, pèse non seulement sur l’indice de démocratie, mais également sur le développement d’un pays. « L’Internationale socialiste des Femmes (ISF) reconnaît qu’il ne sera pas possible de vivre dans des sociétés justes tant que les femmes, représentant plus la moitié de la population, vivront dans la peur, sous la menace ou continueront d’être victimes de terribles discriminations, violences, tortures et harcèlement de tous genres. La violence à l’égard des femmes continue à s’enraciner dans l’inégalité entre les hommes et les femmes », constate l’assistance.
PAR CHRISTELLE KONE