Les faits qu’on reproche aux deux accusés remontent dans la nuit du 30 et 31 mai 2021. Cette nuit, Aboubacar Sissoko a pris le véhicule de sa mère pour aller déposer Kola Bocoum à son domicile à Bagadadji. Sur le trajet, Aboubacar Sissoko décide de faire une escale devant le bar Doufing pour y rencontrer un ami. Arrivé sur le lieu, Aboubacar Sissoko descend de la voiture en laissant les clés avec Kola Bocoum et lui indiquant la présence d’un pistolet automatique à l’intérieur.
Contre toute attente, Kola se saisit de l’arme et descend du véhicule pour aller fumer de la cigarette auprès de Soumaïla Cissé. Ce dernier ayant vu l’arme tentait de la toucher, Kola Bocoum protesta vigoureusement et pointa subitement le pistolet sur Soumaïla Cissé et tirait à bout portant. Alertée par la déflagration, une patrouille de police est venue sur les lieux et transporta d’urgence la victime à l’hôpital Gabriel Touré où elle a rendu l’âme des suites de ses blessures.
Comparus devant la Cour d’assises de Bamako la semaine dernière pour meurtre et détention illégale d’arme à feu, Kola Bocoum et Aboubacar Sissoko ont plaidé coupable en demandant la clémence de la Cour.
Dans son réquisitoire, le ministère public a invité les membres de la Cour d’assise à ne pas être cléments envers les deux jeunes accusés bien qu’ils ont plaidé coupables car, selon lui, c’est une affaire criminelle.
”Aujourd’hui, la jeunesse malienne n’accorde aucune importance à l’être humain. Cette jeunesse malienne tue son semblable comme une mouche. Dans ma juridiction en Commune II chaque jour je traite ce genre de situation. Il faut prendre le taureau par les cornes en sanctionnant sévèrement ces deux jeunes conformément au code pénal qui condamne les meurtres et détention illégale d’arme à feu allant de 5 ans à 20 ans d’emprisonnement pour montrer que dans ce pays, les meurtres ne sont pas tolérables”, a indiqué Amadoun Guindo dit Bocoum, procureur général près la Cour d’Appel de Bamako.
Quant à la défense, elle a plaidé une fois de plus la clémence de la Cour au motif que Kola Bocoum et Aboubacar Sissoko ont entièrement reconnu les faits qui leur sont reprochés tant au niveau de l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur.
“Avec ces deux jeunes qui n’atteignent même pas les 30 ans, le ministère public veut en faire le procès de la jeunesse malienne. Au moment des faits ni Kola Bocoum encore moins Aboubacar Sissoko ne savaient ce qu’ils faisaient. Toute la responsabilité de ce crime incombe aux parents. Les deux parents ont failli à leur responsabilité. Nous plaidons la clémence de la Cour pour que ces deux jeunes puissent réintégrer la société après 4 ans de prison“, ont plaidé auprès de la Cour les avocats des deux coupables.
Au terme de ce procès qui a duré 4 h, la Cour d’assises de Bamako (présidé par Faradji Baba premier président de la Cour d’Appel de Bamako), a condamné Kola Bocoum pour meurtre à une peine de 7 ans et une amende de 500 000 F CFA. Aboubacar Sissoko pour détention illégale d’arme à feu a écopé d’une peine de 5 ans. Les avocats des deux condamnés ont trois jours pour faire appel.
La famille de la victime n’est pas satisfaite de ce verdict et qualifie le procès de simulacre rendu par la Cour d’assise.
“Ce procès prouve qu’il n’y pas de justice au Mali. Selon les réquisitoires du ministère public Kola Bocoum, le meurtrier de mon frère doit être condamné à 20 ans de prison et une amende de 2 000 000 F CFA. Mais la Cour a décidé de commuer sa peine à 7 ans et une amende de 500 000 F CFA. Quelle honte ! On a assisté à un procès simulacre. Mais Seul Dieu est Grand et nous nous en remettons à Lui parce qu’Il est le seul Juge suprême“, a déclaré la sœur de Soumaïla Cissé.
Ousmane Mahamane