Occupation illégale du patrimoine immobilier destiné aux cheminots en activité: Le Tribunal a débouté les anciens cheminots sommés de libérer les lieux

L’Association des Cheminots Retraités du Mali (ACRM) a engagé une procédure judiciaire contre la Société de Patrimoine Ferroviaire du Mali (SOPAFER) devant le Tribunal de la Commune III du district de Bamako, pour » discontinuation de poursuites et cessation de troubles « . Le tribunal a débouté les membres de l’ACRM de leur demande dans l’affaire, jugée, le lundi 6 février dernier. Et par conséquent, les occupants sont sommés de libérer les domaines ferroviaires.

La reprise des activités du trafic ferroviaire n’est plus qu’une question de temps. Mais avant, une situation coupe le sommeil des responsables chargés de la mise en œuvre de cette volonté politique des autorités de la Transition : faire déguerpir les occupants illégaux du domaine ferroviaire et libérer les maisons des cheminots, demeure, aujourd’hui, plus qu’une nécessité, en vue du rétablissement du trafic voyageur entre Bamako et Kayes.

D’après le Directeur général de SOPAFER, le patrimoine immobilier de la société compte 136 logements, des entrepôts et les hôtels de gare, les espaces bâtis et non bâtis, de Koulikoro à Diboli. Malheureusement, ils sont occupés de façon illégale, actuellement, par des agents à la retraite, des cheminots licenciés lors de la mise en concession du Chemin de Fer, en 2003, et des familles ou parents de cheminots, décédés depuis plus de 20 ans. Bref, quasiment tous les logements sont occupés par des agents, qui ne sont pas en activité. Fort de ce constat, et vu que le Gouvernement est, aujourd’hui, dans une phase de relance des activités ferroviaires, le personnel actif du Chemin de Fer se retrouve dans d’autres bâtiments et obligé de payer des primes de logements à ce personnel. Toute chose qui grève un peu les charges du personnel, alors que les logements dédiés à eux se trouvent être occupés par le personnel inactif. Ces occupants, selon les documents administratifs archivés au niveau de la SOPAFER, ne disposent d’aucun acte juridique les autorisant à utiliser lesdites infrastructures, a-t-il relevé. Tout en soulignant que, pour la relance des activités ferroviaires, la nécessité de loger les cheminots en activité s’impose avec acuité à l’Etat.

Face à cette situation, indique-t-il, la société a adressé des mises en demeure par voie d’huissier, en octobre 2022, aux occupants des logements, situés dans le domaine ferroviaire, destinés aux travailleurs du Chemin de Fer pour les besoins de l’exploitation ferroviaire de Koulikoro à Diboli.

Les anciens cheminots avaient salué cette initiative de la Direction générale de la SOPAFER, avant de se rétracter, en arguant qu’ils ont contribué à préserver ces logements. Et ajoutant que, pendant que la mise en demeure était en cours, les actuels occupants se sont organisés en association pour, ensuite, ester en justice la SOPAFER.

Les occupants de l’emprise des rails seront aussi déguerpis

Il dira que, pour une reprise effective du trafic ferroviaire entre Bamako et Kayes, les occupants doivent libérer les domaines ferroviaires, illégalement occupés. Ajoutant que ces occupants ne sont pas les seuls concernés par cette vaste opération en gestation. Les occupants de l’emprise des rails, notamment au niveau de Korofina, en Commune II du district de Bamako, seront aussi déguerpis.

Interrogé, le Secrétaire général de la section syndicale du Chemin de Fer, affiliée à l’UNTM, Ibrahima Coulibaly dira que les travailleurs en activité traversent une période très difficile, avec le retard de salaires, payés souvent à un rythme trimestriel. Donc, le problème crucial auquel font face ces travailleurs actifs c’est le logement. » Les cadres habitent très loin du service et avec la reprise des activités, cela entrave négativement la rentabilité « , a-t-il dénoncé. Et de déclarer que » cette demande est une émanation des travailleurs en activité, à travers le syndicat. Ce problème ne date pas d’aujourd’hui, le syndicat a, de tout temps, voulu qu’il soit géré à l’amiable « . Avant de souligner que l’objectif étant de permettre aux travailleurs en activité d’être logés près du service et d’être efficaces dans l’exercice de leur fonction. » Je leur demande de céder ces logements aux ayants-droits « , a-t-il conclu.

Les occupants, pour leur part, n’ont pas accepté de réagir.

Falé COULIBALY

Source : l’Indépendant