
“Ni m’i bᴐ yᴐrᴐ dᴐn, I ta yᴐrᴐ b’i cᴐnᴐ rᴐ fili.”(dicton malien) Connaître ses origines permet de mieux s’orienter. Ressasser le passé n’est, certes, pas une stratégie de développement mais, en l’ignorant, l’histoire peut se répéter avec, parfois des conséquences désastreuses.
À juste raison, les Maliennes et Maliens sont fiers de leur passé avec de grands dirigeants comme, sans aucun ordre particulier, Sunjata Kéita, Mansa Moussa, Firhoun, Soni Ali Ber, Babemba Traoré, Askia Mohamed, et la liste est encore plus longue, sans oublier le contemporain d’entre eux, Modibo Kéita. Avec ces derniers et ce à travers les temps, le peuple malien a accompli des prouesses encore inégalées dans le monde entier dont certaines des plus connues sont:
Il a fallu … 12 ans pour que la communauté égyptienne s’en ressaisisse. … L’immensité des terres et des richesses matérielles de Mansa Moussa semblent franchement incompréhensibles. Imaginez autant d’or que vous pensez qu’un être humain peut posséder et doublez cela, c’est ce que les comptes essayent de nous communiquer… Il est la personne la plus riche que l’on ait jamais vue.
À cela, ajoutons que depuis le Moyen âge, la grandeur du Mali a atteint les côtes outre-atlantiques et méditerranéenes, au moment où “les nations européennes s’entre-déchiraient par des guerres fratricides à cause du manque de ressources”, selon Morgan citant Ware.
712 ans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme élaborée le 10 décembre 1948, celle de Kurukanfuga englobe les droits humains car s’adressant aux hommes, aux femmes, aux enfants, en un mot, à la famille et, au-delà, à la société toute entière. Son classement au patrimoine mondial par l’UNESCO en 2009 dit long sur sa portée universelle.
Par ailleurs et selon TANGARA Nèma GUINDO, archéologue de son État (ORTM/GWELEKAN février 2022), leurs fouilles sur le Plateau dogon ont révélé un vase pour usage culinaire fabriqué avec des techniques spéciales, et ce, pendant le 10e millénaire avant Jésus Christ. Ainsi, pensons-nous, le “Made in Mali” “n’a pas commencé aujourd’hui”, selon le parler populaire malien.
Viennent ensuite les prouesses les moins connues montrant, à ce jour, son rayonnement influençant la pensée de biens de personnes d’autres nationalités:
Mon grand-père est venu de Ségou. Né ici en Gambie, mon père tenait à aller voir Ségou avant de mourir. Finalement, il a pu le faire et y séjourner pendant deux (2) ans. Peu après son retour, il a rendu l’âme. Je tiens à me rendre aussi à Ségou avant mes derniers jours.
Personnellement, à Banjul, Gambie nous avons fait nos amplettes en bamanankan et la majeure partie des patronymes sur leurs magasins sont d’origine malienne;
Quand Boncanan Maiga et ses compatriotes étudiaient ici, nous faisions nos sorties ensemble. J’étais impressionné de les voir refuser de consommer l’alcool le porc dans les bars et restaurants. Cela m’a paru bizarre et ai cherché à les comprendre. Alors, j’ai lu le Coran et ai compris que les musulmans ont le Coran et les chrétiens la Bible. Impressionné et convaincu par le contenu du Coran, je me suis converti à l’islam et suis le premier Cubain converti à cette religion. J’ai commencé à prier en cachette avec la famille dans mon salon et, progressivement, des amis nous y ont rejoint. On y priait Eid en cachette.
Mon village Warang Xay Fye se trouve dans la commune de Malicounda où le plus grand quartier s’appelle Malicounda Bambara. Ces dernières années, notre maire était TiéblénTounkara remplacé maintenant par Maguette Sène. En plus de l’alternance dans le leadership communautaire entre Bamanans et Sérères, nombreux sont nos villages ayant des noms d’origine bamanan, surtout ceux qui sont les plus proches de chez moi, comme Sidibougou, Gagnabougou, Samba Diacounda, Paoskoto, et Dialacoto, donc à consonance bamanankan bien qu’habités par des Sérères, des Wolofs et des Bamanans. Il y a beaucoup de “bougou” ici”, conclue-t-il.
Nous constatons un cas semblable avec Malibéro (Maliba) à Niamey, Niger.
Conclusions/Suggestions: Sans ambages, nous constatons que l’influence du Mali actuel va bien loin au-delà de ses frontières officielles. Avec une pépite d’or en main, l’Empereur Mansa Moussa est toujours en Espagne sous forme d’une statuete créée en 1375 par le cartographe Abraham Cresques (Morgan citant Ware). Et, à présent, il demeure le détenteur de la plus grande richesse mondiale. Au-delà des océans, des Trinidadiens/nes se réclament encore du Mali, et ce avec fièrté et empressement, sans se le faire demander. Encore outre-Atlantique et ce avec diligence et fièrté, un Imam Cubain attribue au Mali sa reconversion à l’Islam. Quelle contribution à l’essor d’une si grande religion!
Pourquoi ne pas s’en orgueillir, kurukanfuga et le sanankunnya ont dépassé les frontières maliennes. Toutefois, le Mali pourrait accompagner ces prouesses en organisant leur usage par, pour commencer, l’homologuation de leur orthographe respective, y compris à l’UNESCO. Au Mali existent multiples orthographes pour chacun d’eux. Faute d’espace ici, nous en citerons pas mais suggèrerons celles constamment employées par nous (Diallo 2014), répétons-nous, kurukanfuga et sanankunya, orthographes respectant la grammaire de l’ancienne DNAFLA (Direction nationale de l’alaphabétisation et de la linguistique appliquée).
En outre, il serait souhaitable de rectifier la tendance à considérer le sanankunya comme une simple plaisanterie, d’où sa traduction courante de “parenté à plaisanterie”. Certes, il comporte de la plaisanterie mais ceci n’est que l’arme pédagogique choisie des ancêtres, comme “la carotte (plaisanterie) accompagnant le baton (les devoirs et droits liés au sanankunya). Car, aussi robuste et luxuriant qu’il soit, le véhicule transportant les joueurs de l’Équipe nationale de football du Mali peut ne accéder au terrain de jeu pour affronter l’équipe adverse. De même, à elle seule, la plaisanterie ne saurait gérer les multiples situations très délicates opposant des sanankunw, parfois des communautés entières. (Diallo 2014). La sagesse malienne vient à la rescousse: “Tulon tε sᴐbε sa”, la plaisanterie et le sérieux vont de pair. Aussi, rappelons-nous, dans le processus de traduction, la langue originale perd une partie sgnificative de sa valeur, d’où le diction anglo-saxon, “Lost in translation”(perdu dans le processus de traduction). Ainsi, à l’instar de l’UNESCO, le Mali doit encourager l’usage du mot sanankunya au détriment de tout terme issu de traduction souvent malencontreuse. Et, comme les cas du soumbala et entre autres, cela est possible.
De multiples versions de Kurukanfuga circulent à travers le monde. Le Mali devrait avoir une version aussi officielle qu’authentique, signée de la main du Chef de l’Etat, et ce après davantage de recherche. En outre, cette version officielle malienne devrait être affichée partout où se trouve la Constitution du pays.
Dr Abdoul Diallo
Source: Le Républicain