Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Un climat de guerre froide s’est installé au Maghreb »

La tradition était que la France était plutôt pro-marocaine, que le lien avec l’Algérie était irrémédiablement tourmenté, bien que préservé, et chacun s’accommodait de cet héritage de l’histoire. Au Quai d’Orsay, un dicton résumait le tropisme de Paris : « Un président français commence par l’Algérie et finit par le Maroc. » L’évolution du contexte stratégique régional tout comme certaines inflexions de la diplomatie française ont toutefois remodelé le paysage. Un nouveau point d’équilibre doit être trouvé. Et l’exercice est périlleux.

La prochaine visite de M. Macron à Rabat, annoncée pour « le premier trimestre » sans plus de précision, donnera une précieuse indication du recalibrage qu’aura décidé l’Elysée. Ce déplacement est d’autant plus attendu qu’il est censé clore une séquence glaciale dans la relation franco-marocaine. Une série de frictions – « crise des visas », Sahara occidental, pari algérien de M. Macron, etc. – avait nourri un épais malaise entre les deux capitales. La ministre des affaires étrangères, Catherine Colonna, a effectué à la mi-décembre 2022 une visite à Rabat qui a permis de réchauffer quelque peu le lien. Elle a annoncé à cette occasion la levée des restrictions sur les visas imposées en septembre 2021, en représailles à la mauvaise volonté des autorités consulaires marocaines dans la réadmission des migrants en situation irrégulière expulsés du territoire français.

Reconnaissance de souveraineté

Cette « crise des visas » est également close avec l’Algérie et la Tunisie, qui avaient fait l’objet de la même sanction pour les mêmes raisons. Paris a pris la mesure de l’erreur stratégique qui a consisté à pénaliser des élites francophones habituées aux va-et-vient des deux côtés de la Méditerranée. Ces dernières commençaient à se laisser gagner par le ressentiment vis-à-vis de Paris et il était urgent de désamorcer le risque d’un divorce franc et ouvert.

Il vous reste 55.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source : lemonde