Sans Tabou: BVG, après les vérifications, les actions

Depuis plus d’une décennie, le Bureau de vérificateur général mène des missions de vérification dans les services publics et les collectivités dans lesquels il décèle, après chaque enquête, plusieurs milliards de FCFA d’irrégularités. Des sommes faramineuses qui animent le réseau de la corruption au profit d’une poignée de personnes. Au-delà de la vérification, les autorités judiciaires doivent, à leur tour, engager une véritable procédure judiciaire contre ces soupçons de détournement et de corruption.

 

Le Président de la Transition, Assimi GOÏTA, a reçu, ce mardi 29 novembre 2022, le rapport annuel 2021 du Bureau du Vérificateur général. Dans sa présentation du rapport annuel, le Vérificateur général, Samba Alhamdou BABY, a indiqué que ce document, « est le fruit d’une analyse approfondie se fondant non seulement sur la cartographie des risques et l’importance des secteurs d’activités des entités, mais également sur les saisines reçues des citoyens, des organisations de la société civile et surtout du Gouvernement ».
Il s’articule autour de 33 missions qui se répartissent entre 20 vérifications financières et de conformité ; 4 vérifications de performance ; 8 vérifications de suivi des recommandations ; une évaluation de politique publique.
Ces différentes vérifications et évaluations, qui « offrent un tableau moins luisant de la gestion » des administrations publiques maliennes, ont concerné les domaines de la Santé, des Transports, de l’Éducation, de la Décentralisation, de l’Énergie et de l’Eau, des Mines, du Développement rural, des Technologies de l’Information et de la Communication.
Les natures des irrégularités de vérifications financières évoquées dans le rapport sont entre autres : la non-tenue des documents de la comptabilité matières ; la mauvaise ou non tenue des pièces comptables ; le non-respect des règles régissant la gestion de la trésorerie ; l’inobservation de préalables à l’entrée en fonction des Régisseurs ; le non-respect des cadres organiques ; l’inexistence de manuels de procédures administratives, comptables et financières validées et/ou à jour.
Des faits souvent insolites de corruption sont rapportés par les différents rapports d’enquêtes.
Malgré les dénonciations, on constate que l’ampleur de la corruption ne s’affaiblit pas comme en témoigne encore ce dernier rapport du Bureau de vérificateur général de 2020 qui a décelé des irrégularités dans la gestion des deniers publics pour un montant s’élevant à 17 milliards de FCFA.
Les faibles ressources de l’État continuent d’être déviées pour d’autres fins.
Conséquence : les efforts de développement du pays prennent un sérieux coup.
En effet, la lutte contre la corruption doit aller au-delà des enquêtes, des intimidations. Après les missions de vérification, il faut un véritable et réel engagement politique, afin que les faits dénoncés soient déférés devant la justice pour la traque des délinquants financiers. Malheureusement, selon de nombreux constats, le travail du Végal pèche au niveau de la justice où peu de faits dénoncés ont connu une suite judiciaire. Or, un véritable combat contre le gaspillage, le détournement de fonds ne se gagnera pas que dans les rapports. Il faut que la volonté politique accompagne et encourage la justice pour que les initiatives aillent jusqu’au bout.
Les problèmes de notre pays en partie dû à la corruption ne disparaîtront pas comme par magie. L’État doit s’assumer et agir par conséquent. Plus de chèque en blanc pour les personnalités politiques, les opérateurs économiques qui tirent leur gloire, leur palmarès des détournements des fonds publics.
Sinon les remises des rapports sont l’occasion pour des responsables de prendre des engagements dans la lutte contre ce fléau comme un cancer qui se développe dans tous les secteurs vitaux de l’administration. Par ailleurs quelques actions sont menées qui emballent l’opinion nationale, après elles font ‘’et pouf’’.
En clair, les rapports apparaissent comme une preuve de transparence et d’engagement des autorités contre la pratique auprès des partenaires qui engagent des moyens financiers importants pour soutenir notre développement.
Or, sans la rigueur dans la traque à la mauvaise gestion, on a l’impression que la lutte contre la corruption est plus un grand bluff qu’une lutte sincère contre cette pratique qui fait perdre déjà à l’État malien des milliards de FCFA par an.
Dans tous les cas, aucun combat contre la corruption ne se gagnera sans une volonté ferme de créer les conditions de véritables actions de poursuite contre les auteurs et leur complice.

Par Sikou BAH

Source : Info-Matin