Joueuse talentueuse et prometteuse, Siaka Fofana* a vu ses rêves brisés après avoir eu le courage de rejeter les avances sexuelles d’un ancien entraîneuret de les signaler à la Fédération malienne de basketball (FMBB).
« D’un côté, je suis fière de moi mais de l’autre, j’ai des regrets« , a déclaré la jeune fille en exclusivité à la DW. « Cela m’a privé de certaines occasions, cela a détruit mon rêve« .
L’adolescente vient de passer plus d’un an à attendre une réponse après avoir déposé une plainte officielle contre la Fédération internationale de basketball, la FIBA, l’accusant de ne pas l’avoir protégée contre les représailles.
Une accusation qu’elle a porté après avoir notamment été écartée de l’équipe nationale malienne U19 en août 2021. A cette époque, la meneuse de jeu se préparait à disputer la Coupe du monde des moins de 19 ans avec son pays.
Une exclusion infondée
Selon Ahmar Maïga, membre de la branche malienne de Young Players Protection in Africa, une ONG qui vise à protéger les enfants athlètes au Mali, l’exclusion de la joueuse de l’équipe est survenue seulement deux semaines après qu’elle a parlé avec la police au Mali, ce qui a conduit à l’arrestation de son ancien entraîneur. Ce dernier est actuellement en procès au Mali pour pédophilie, tentatives de viol et atteinte à la pudeur.
Pour justifier l’exclusion de Siaka Fofana, la Fédération malienne de basket-ball avait évoqué une blessure au genou, mais Ahmar Maïga affirme que les radiographies faites à l’époque ne témoignent pas de ladite blessure.
La seule voie de recours dont disposait alors Siaka Fofana pour récupérer sa place dans l’équipe et reprendre sa carrière était donc d’en appeler à l’aide de la FIBA.
En août 2021, un groupe d’avocats a déposé un appel, afin que la jeune femme retrouve sa place dans l’équipe. En vain ; la FIBA n’ayant pas donné suite à ce recours et ce malgré la parution du rapport McLaren, une enquête de 149 pages qui corrobore les propos de différents témoins.
« Je me sentais mal« , se souvient Siaka. « Je ne pouvais pas vivre comme je le faisais avant. J’étais toute seule, tous les jours. Tout était difficile. Parfois, j’avais honte de sortir de chez moi parce que tout le monde était contre moi. »
Source : DW