La cérémonie de la rentrée solennelle des cours et tribunaux prévue pour ce jeudi 1er décembre au siège de la Cour suprême risque d’être fade aujourd’hui à cause de la grande absence des hommes de robe. En froid ces derniers temps avec l’État, ils ont ainsi décidé de ne pas prendre part à cette cérémonie, présidée par le président de la République, Assimi GOITA, président du Conseil supérieur de la magistrature.
À travers un communiqué conjoint, signé hier par le Syndicat autonome de la Magistrature (SAM) et le Syndicat libre de la Magistrature (SYLIMA), les responsables des deux syndicales du secteur invitent, dans des termes clairs, leurs militants à boycotter la cérémonie solennelle de rentrée des cours et tribunaux prévue pour ce jeudi 1er décembre. En cause, la grève de 5 jours que les magistrats ont entamés depuis mardi passé.
En effet, les deux syndicats de magistrats considèrent le maintien de la date de rentrée comme une provocation de plus de la part des plus hautes autorités de la transition.
Faut-il rappeler que le conseil des ministres a adopté le 2 novembre dernier, un projet de loi portant modification de la loi 2016-046 du 23 septembre 2016, portant loi organique fixant l’organisation, les règles de fonctionnement de la Cour Suprême et la procédure suivie devant elle.
Un texte qui vise, selon eux, à modifier l’âge de départ à la retraite des membres de la Cour Suprême.
Au Mali, l’âge de départ à la retraite pour les magistrats est fixé à 65 ans, selon le statut de la magistrature. Mais le projet de modification incriminé veut, selon les explications d’un magistrat syndicaliste, obliger les membres de la Cour Suprême à rester en fonction au-delà, même s’ils veulent faire valoir leur droit à la retraite.
« Le Syndicat autonome de la Magistrature (SAM) et le Syndicat libre de la Magistrature (SYLIMA) regrettent que la provocation, dont ils ont été l’objet de la part du Pouvoir exécutif, ait conduit à un mouvement de grève consommé ce mardi 29 novembre 2022 depuis 00 heure 01 minute. 29 novembre 2022 depuis 00 heure 01 minute », ainsi libellé dans le communiqué
Ils se réjouissent par ailleurs du respect du mot d’ordre de grève sur l’entendue du territoire par les magistrats du Mali.
« Le SAM et le SYLIMA se réjouissent que les magistrats du Mali, à l’unisson, aient compris que les questions de principe et d’honneur doivent l’emporter sur toute autre considération », a indiqué le communiqué, avant d’affirmer, à trois jours d’arrêt de travail, que la grève a été une réussite totale, puisque tous les services de juridiction de la république ont été paralysés sur toute l’étendue du territoire, selon leur constat.
« Cette appréhension des choses explique le succès total du mouvement de grève déclenché qui a paralysé l’ensemble des juridictions de la République y compris la Cour suprême. Is sont légion, en effet, les magistrats de la Cour suprême qui sont indignés par cette agression injuste du Gouvernement de la République et qui ont déserté leurs bureaux à l’instar de leurs collègues des juridictions du fond. Le SAM et le SYLIMA saluent sincèrement la discipline, l’engagement et la détermination de leurs preux militants et militants », dit le communiqué.
Les responsables dudit communiqué accusent ainsi le gouvernement de la transition de vouloir deviser la grande famille de la magistrature du Mali.
« Les magistrats ont compris que l’objectif recherché de l’autre côté était de diviser les membres de la même corporation en y proclamant ‘’des privilégiés’’ tout en caporalisant la Justice », accusent-ils dans leur communiqué.
Comme pour enfoncer le clou, le SAM et le SYLIMA préviennent qu’ils ne sont à la solde de personne si ce n’est de la magistrature. Comme seule condition de surseoir à cette grève qui est, selon eux réconductives, ils n’exigent le retrait pur et simple du projet de loi ‘’séparatiste’’, ‘’inéquitable’’ et asservissant, comme ils l’inique dans le communiqué.
En attendant, ils regrettent profondément les nombreux désagréments découlant de la présente situation à l’égard des usagers du service public de la justice.
« Lesdits désagréments sont, exclusivement, imputables au Gouvernement de la Transition. Marquant leur attachement indéfectible à la République, à la Démocratie et à la Séparation des Pouvoirs, les syndicats de magistrats réitèrent leur disponibilité au dialogue et invitent l’ensemble des magistrats du Mali à la sérénité, à la cohésion et à la détermination », reprochent-ils dans le communiqué.
Pour finir, le SAM et le SYLIMA invitent, de nouveau, leurs militants à boycotter la cérémonie solennelle de rentrée des cours et tribunaux prévue pour ce jeudi 1er décembre 2022, dont la cérémonie sera présidée par le Président de la transition, Assimi GOITA.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info-Matin