Initiée par le Président de la transition, le Colonel Assimi GOITA, la rédaction d’une nouvelle constitution est loin d’enregistrer l’adhésion de toutes les forces vives de la nation. Sur la question, plusieurs partis politiques et organisations de la société civile ont déjà désapprouvé l’initiative et demandent à Assimi GOITA de l’abandonner. L’ on note que des acteurs politiques et de la société ont décliné l’invitation du ministre de l’Administration territoriale, hier jeudi, pour discuter sur la nouvelle Constitution et le référendum. Avec son projet de nouvelle Constitution, le colonel Assimi GOITA a-t-il ouvert la boîte de Pandore ?
En effet, dans le cadre de la mise en œuvre du décret portant finalisation du projet de la nouvelle constitution, le ministère de l’Administration territoriale a pris l’initiative de convoquer, hier jeudi, le cadre de concertation en y invitant les partis politiques afin d’échanger sur les pistes d’une meilleure organisation du référendum.
Dans un communiqué signé par son président, Housseini Amion GUINDO, le dimanche 8 janvier, l’Alliance Jigiya Kura a annoncé sa non-participation à ce cadre de concertation convoqué par le ministre de l’Administration pour le jeudi prochain sur l’organisation du référendum.
Pour rappel, Jigiya Kura avait demandé dans son communiqué du 22 Décembre 2022 au gouvernement de la transition le retrait et l’abandon du présent projet de la nouvelle constitution.
De son côté, le parti Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE AN KA WULI) de l’ancien Premier ministre Modibo SIDIBÉ a également dévoilé son opposition à cette initiative du Président de la transition.
À travers un communiqué signé par son secrétaire général, Bréhima N SIDIBÉ, le parti FARE AN KA WULI demande au Président de la transition d’abandonner le projet de nouvelle Constitution en cours et l’invite à reprendre l’initiative en créant les conditions d’inclusivité autour des forces politiques et sociales pour une refondation réelle du Mali en crise.
Aussi, le parti Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS-Faso Hèrè) de l’ancien Premier ministre Zoumana SAKO vient de réaffirmer sa ferme opposition à ‘’toute tentative de remise en cause de la Constitution républicaine et démocratique du 12 janvier 1992’’.
Dans son communiqué, la CNAS-Faso Hèrè a décliné l’invitation à participer à la réunion qui était programmée pour hier jeudi 12 janvier 2023 par le ministère de l’Administration territoriale.
Aussi, le parti de Zoumana SAKO a profité de l’occasion pour inviter les autorités à renoncer définitivement et sans condition à leur entreprise qu’il juge antirépublicaine et antidémocratique de démolition de la Constitution démocratique.
Ce n’est pas tout ; la CMAS de l’imam Dicko tacle également le projet de Constitution d’Assimi Goïta qu’elle accuse de remettre en cause les acquis de Mars 91.
De leur côté, les soutiens de l’imam DICKO ont boycotté la rencontre destinée à débattre l’organisation du scrutin référendaire.
Clairvoyance politique, embarras confessionnel ou calcul politicien ?
Dans une déclaration publiée le 9 janvier, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam DICKO (CMAS) et d’autres associations religieuses exigent du chef de l’État à surseoir à l’élaboration de la nouvelle loi fondamentale malienne dont l’avant-projet est en voie de finalisation.
Les opposants au projet avancent des arguments de forme et de fond. Sur la forme, le communiqué de la CMAS rappelle qu’aucune disposition du droit ne donne à un Président non élu la compétence « pour prendre l’initiative de l’élaboration d’une nouvelle Constitution et de la faire aboutir par voie de référendum ».
C’est dire que les autorités de la transition ont du pain sur la planche pour aboutir à un consensus autour de ce projet. Face aux critiques et rejets des Maliens, les autorités doivent changer de stratégie de communication.
Pour cela, il est important que le Président de la transition rencontre personnellement les opposants afin de rapprocher les points de vue sur la question.
À défaut de cette démarche pour l’inclusivité, il serait bien conseillé de surseoir à l’initiative au risque de voir les opposants à l’élaboration d’une nouvelle constitution investir la rue comme ce fut le cas sous IBK.
PAR MODIBO KONE
Source : Info Matin