Gestion de la Transition: le fossé se creuse entre les alliés

En plus de la pression de la communauté internationale et d’une partie des forces vives de la nation, les autorités de la transition sont vraisemblablement acculées par certains alliés, dont le mouvement Yèrèwolo, qui commencent à durcir le ton. Ils expliquent que leur révolte se justifie par le fait que l’administration publique se donne le confort alors que le peuple tente de se consoler dans la galère.

« La prise en compte des besoins essentiels de la population », « L’augmentation du train de vie de l’État », « L’augmentation du budget de certaines institutions », sont entre autres des faits contre lesquels des leaders et membres du mouvement de contestation haussent et durcissent le ton.
Après la complicité, les alliés engagent-ils la phase du désamour ? Est-ce le début de la guerre des alliés ? En tout cas, ce qui est certain, c’est une pression supplémentaire sur le dos des autorités, en plus de celle de la communauté internationale et d’une partie des forces vives de la nation.
Il est évident qu’un autre front de contestation contre les autorités porterait le germe d’une autre crise politique et affaiblirait l’État déjà presque affaissé par l’insécurité dans le pays et la crise économique mondiale.
En effet, selon plusieurs rapports, l’année 2022 a été très meurtrière dans notre pays et principalement dans le nord où les attaques, d’une part, entre les groupes terroristes rivaux et, d’autre part, les assauts contre les parties maliennes ont fait des centaines de morts (civils et militaires).
Si par entente, les mobilisations ont été minutieusement orchestrées pour déloger le président Ibrahim Boubacar KEITA, à une année avant la fin de la transition, une divergence dans les rangs des alliés s’étale de façon ouverte dans un contexte de la quête de la survie de l’État. Les princes du jour et leurs serviteurs peinent à souffler dans la même trompette. La cadence de la musique a-t-elle changé ou les intérêts de certains sont menacés ?
Leur différend est né suite à la publication de la liste additive des 26 nouveaux membres du Conseil national de la Transition arguant que c’est l’une des conclusions des Assises nationales de la refondation. Ainsi, ce rajout justifie l’augmentation du budget de cette institution qui joue le rôle de l’organe législatif de la transition.
Ainsi, pour le Mouvement Yerewolo debout sur les remparts, le nationalisme pour lequel ses membres ont combattu l’ancien régime a été heurté. Le slogan Mali Kura devenu le label du nouveau départ contre l’impérialisme, la corruption, le népotisme, la mauvaise gouvernance devient de plus en plus un mirage.
Frustré et furieux, le jeune leader Adama DIARRA dit Ben le Cerveau connu pour ses sorties souvent virulentes à l’encontre de ses détracteurs, se retourne contre les autorités de la transition malienne qu’il défendait bec et ongle. Pour lui, l’une des tares de la transition est la corruption. Pour preuve, ben le cerveau a rappelé les fracas qui ont eu lieu lors des recrutements à la police, à la CANAM…
« On est très loin de la victoire. C’est pourquoi, je dis sauvons la révolution », a déclaré Ben le Cerveau, tout en exprimant son objection à la marche de la transition.
Outre la justice qui est en panne et qui est du reste le grand corps malade, comme l’a écrit Me Mamadou Ismaël KONATE, de son côté Adama DIARRA dit Ben le Cerveau s’est montré très critique contre certaines pratiques qu’il juge inopportunes en cette période de conjoncture. Pour l’une des rares fois, Ben le Cerveau s’en prend à la gestion du Colonel Assimi GOÏTA en reprochant à la Présidence de la République de vouloir augmenter son budget.
Également, ce proche de la transition dit être irrité d’apprendre que le budget du CNT augmentera pour prendre en compte les charges des nouveaux conseillers de l’institution parlementaire. « C’est inutile », estime-t-il, avant de déclarer qu’il allait « tout faire pour qu’il ne passe pas. Je suis contre ».
Pour sa prise de position qui dérange d’autres partisans de la transition, dans la ville de garnison de Kati, des habitants se sont mobilisés, hier mardi, pour réclamer la démission du conseiller du CNT.
Une partie de cette ville affiche désormais un désamour contre le jeune leader qui s’est fait remarquer lors du combat contre la dégradation de l’axe Bamako-Kayes. Ici, également le nid de la division s’installe dans cette localité bastion des militaires.


Dans la même foulée, Jeamille BITTAR, dans son one-man-show, a aussi rétorqué en affirmant que ça été une erreur d’augmenter le budget de certaines institutions.
Ce membre du M5-RFP qui a fait un nouveau look politique souligne que le « combat était de réduire le train de vie de l’État et non le contraire » en soutenant que l’effectif du CNT est pléthorique. De 121 personnes, le nombre est passé à 174 conseillers. La désignation de nouveaux conseillers dans cet organe est avancée pour justifier la hausse de sa manne financière.
Déjà affaibli par la dissidence conduite par Mohamed Aly BATHILY, Konimba SIDIBE, Mme Sy Kadiatou SOW qui peint en noir les efforts du gouvernement, il y a eu lieu d’éviter d’autres frustrations pour éviter que le navire ne se vide.
Au même moment, le retour du Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA, est aussi contesté par des responsables de la Transition. Ainsi, au lieu d’aller à l’essentiel, les alliés du pouvoir s’entredéchirent et beaucoup sont plus occupés par leur problème de place que le sort du pays. Pendant ce temps, le peuple devenu le fonds de commerce pour eux, galère à cause de la cherté de la vie et de l’insécurité.

PAR SIKOU BAH

Source: Journal Info-Matin Mali