Le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Pr Amadou KEÏTA, a présidé ce mardi 15 novembre 2022, l’ouverture des travaux de la table-ronde de préparation du rapport quadriennal du Mali sur la préservation, la promotion et l’accessibilité du patrimoine documentaire, y compris le patrimoine numérique au Mali (2019-2022) à la bibliothèque nationale. L’évènement était couplé au lancement du projet : « Préservation et accessibilité des manuscrits anciens au Mali ».
Organisée par le gouvernement du Mali, avec l’appui de l’UNESCO et de l’Ambassade du Japon au Mali, cette table-ronde vise à réunir les acteurs concernés par la préservation, la promotion et l’accessibilité du patrimoine documentaire, y compris le patrimoine numérique au Mali pour échanger et préparer le rapport quadriennal du Mali sur la mise en œuvre de la recommandation 2015 de l’UNESCO relative au patrimoine documentaire.
La cérémonie d’ouverture de cette importante rencontre s’est déroulée en présence du Directeur général de la Bibliothèque nationale du Mali, le Pr Birama DIAKON ; du représentant de l’UNESCO, Edmond MOUKALA ; de l’Ambassadeur du Japon au Mali, Hideki UEZONO ; du Dr Bazoumana TRAORE, coordinateur du Projet, etc.
L’UNESCO, selon son représentant, appuie le Mali pour la protection du patrimoine culturel en général, et en particulier le patrimoine documentaire à travers la sauvegarde et la valorisation des Manuscrits anciens.
De son avis, cet appui se renouvelle aujourd’hui par la mise en œuvre du projet intitulé : « Préservation et accessibilité des manuscrits anciens au Mali » qui est une réponse que l’UNESCO apporte aux besoins exprimés par les autorités du Mali.
À en croire Edmond MOUKALA, la consultation internationale sur la préservation et la promotion des manuscrits anciens au Sahel et l’étude sur l’état des lieux de conservation, la valorisation, l’accessibilité et la diffusion des manuscrits anciens au Mali recommandent d’accentuer les efforts sur la sensibilisation et la formation autour des manuscrits anciens.
Selon lui, l’élaboration de ce rapport s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de l’Acte constitutif de l’UNESCO, dans son article VIII qui stipule que « les États membres sont tenus de soumettre, tous les quatre ans, un rapport sur les dispositions législatives et administratives et toute autre mesure qu’ils ont prises pour appliquer les conventions et recommandations adoptées par l’Organisation ».
L’Ambassadeur du Japon, Hideki UEZONO, a souligné que ce projet qui vient ainsi d’être lancé, à savoir le projet « Préservation et accessibilité des manuscrits anciens au Mali » est initié par l’UNESCO.
D’un montant de 152 864 Dollars US, soit environ 100 573 964 Francs CFA, ce projet, financé par le Fonds en dépôt du Japon, s’inscrit dans le cadre de la coopération économique multilatérale non remboursable du Japon en faveur du peuple malien.
Selon le diplomate, les Manuscrits anciens du Sahel, en général, et ceux du Mali sont un trésor culturel et scientifique qui témoigne de la civilisation africaine écrite. Ils constituent une source importante de savoirs et une documentation unique sur l’histoire écrite de l’Afrique.
À Tombouctou, a-t-il fait savoir, ces documents historiques sont une partie importante du patrimoine culturel du Mali et du monde, et traitent des sujets très variés : philosophie, droit, mathématique, astrologie, médecine, musique, etc.
À travers ce financement, le Japon souhaite contribuer, à court et moyen terme, à l’atteinte des objectifs des autorités maliennes.
«Je souhaite que cette ‘’Table-Ronde de préparation du rapport quadriennal du Mali sur la préservation, la promotion et l’accessibilité du patrimoine documentaire, y compris le patrimoine numérique au Mali (2019-2022)’’ contribue à une meilleure compréhension, préservation et protection du patrimoine culturel malien», a-t-il conclu.
À l’ouverture des travaux, le ministre KEITA a rappelé qu’il y a 30 ans, l’UNESCO mettait en place le Programme Mémoire du monde suite au constat alarmant de l’état de préservation du patrimoine documentaire et de la précarité de son accès dans différentes régions du monde.
Quant à notre pays, il a fait face, il y a dix ans, à l’autodafé de milliers de manuscrits anciens à Tombouctou et a pris, sans doute, conscience de la fragilité de notre système de préservation du patrimoine documentaire qui reste le seul lien, après l’oralité, avec notre glorieux passé.
Pourtant, de 2012 à maintenant, notre pays a peiné à maintenir le cap de l’exercice du comité national Mémoire du monde.
«Je me réjouis de voir que le Mali n’a pas jeté l’ancre et qu’il entend revivifier son comité afin de penser les voies et moyens de protection des œuvres écrites ou cinématographiques. En jetant l’ancre, nous jetons sans le vouloir l’encre servant à la plume de l’auteur qui par ses écrits s’évertue à nous transmettre le témoignage de son contemporain », a déclaré le ministre.
De son propos, il ressort que le Mémoire du monde, qui bénéficie au niveau mondial du soutien financier du Japon, a permis dans plusieurs nations d’Afrique et du monde, dont le nôtre, de passer le flambeau de la pensée scientifique des siècles derniers à la génération d’aujourd’hui.
Dans le cas du Mali, malgré tous les efforts, beaucoup reste à faire et ce sera sans doute la quintessence du rapport quadriennal que nous nous apprêtons à produire sur nos actions phares et nos résultats obtenus de la préservation, la promotion et l’accessibilité du patrimoine documentaire, y compris numérique.
«Votre tâche est ardue et importante. De vos travaux découleront des pistes d’orientation du Comité national Mémoire du monde, mais aussi et surtout ils serviront de tremplin à la présentation pour examen, à la 216e session du Conseil exécutif, du deuxième rapport de synthèse sur l’application, par les États membres, de la Recommandation de 2015 », a souligné le Pr Amadou KEITA.
À noter que ce rapport et les commentaires du Comité sur les conventions et recommandations du Conseil exécutif seront ensuite soumis à la 42e session de la Conférence générale en 2023.
Par Abdoulaye OUATTARA